Aujourd’hui, le business des imprimantes 3D reste encore limité au pays du Nord, essentiellement à cause de leur prix exorbitant. Au Togo, un chercheur a pourtant décidé de monter la start-up Woelab (qui veut dire "Fab lab" en langue locale "ewé") avec une trentaine de jeunes. Ensemble ils ont mis au point la Wafate 3D, du nom de l’un de ses inventeurs.
Recyclée à 80%. Cette imprimante 3D est fabriquée à partir d’objets recyclés : des boulons, des courroies d’imprimantes, ou encore des armatures d’unité centrale d’ordinateur qui s’amoncelaient sur les décharges de Lomé. "Ici, on a désossé l'unité centrale, puis on a plié la tôle pour faire une pièce de jonction. Du coup, on valorise les déchets qui nous posaient problème au niveau local. Ça nous évite aussi d'importer beaucoup de pièces qui servent à fabriquer notre imprimante", explique Ouzia Folibébé, l’un des membres de ce laboratoire. L'imprimante est donc recyclée à 80%. Seuls la carte électronique et l’encre plastique ont été importés.
Un gain de temps et d'argent. "Souvent, nous recevons de l'électroménager qui n'est pas fabriqué en Afrique", poursuit Ouzia Folibébé. "Par exemple, un monsieur est passé avec une machine qui était assez complexe. Nous lui avons re-fabriqué la pièce qui était cassée. Ça évite de racheter tout le temps du neuf. On a même imprimé des prothèses pour le genou qui pourraient servir directement, au lieu de les importer. Donc c'est surtout un gain en temps et en argent." L’imprimante a aussi servi à recréer des hameçons pour des pêcheurs togolais. Et cela ne coûte presque rien : leurs clients ne payent que le poids du plastique utilisé.
Avec cette invention, le Woelab a gagné le prix du "Best Exploration Mission Concept" de la NASA et plusieurs autres distinctions à l’international, dont le prix de la "Meilleure Innovation" à l’Africa Innovation Summit. Le projet est d’installer dans les mois à venir une dizaine de ces imprimantes 3D dans des écoles et cybercafés de Lomé.