Le climat social chez SFR inquiète le gouvernement. Le Monde a révélé mercredi que le syndicat CFE-CGC de SFR-Numericable a envoyé une lettre à Axelle Lemaire, la secrétaire d'Etat au Numérique, Emmanuel Macron, le ministre de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique, et Myriam El Khomri, la ministre du Travail. Dans sa lettre le syndicat dénonce "la situation très préoccupante des salariés de Numericable-SFR" et demande au gouvernement "d’intervenir au plus tôt pour travailler à l’apaisement d’un contexte qui rappelle de manière très inquiétante les prémices de la crise sociale intervenue en 2009 chez France Télécom".
Contactés par Europe1.fr, les cabinets d'Emmanuel Macron et Myriam El Khomri ont annoncé que les "partenaires sociaux allaient être reçus très prochainement". La date, qui n'est pas encore arrêtée, devrait toutefois être fixée d'ici la fin de la semaine, explique-t-on à Bercy.
Des suicides chez France Télécom entre 2008 et 2010. Même si la situation chez SFR-Numericable n'est pas encore similaire à celle de France Télécom à la fin des années 2000, la CFE-CGC tire la sonnette d'alarme. Dans sa lettre, le syndicat fait notamment référence à la vague de suicide de salariés du groupe France Télécom entre 2008 et 2010 durant laquelle 58 salariés avaient mis fin à leurs jours. A l'époque, le management de l'entreprise était largement pointé du doigt par syndicats et salariés. "La réduction des coûts à tout prix, engagée dès 2002 chez France Télécom sous la houlette de Pierre-Louis Wenes, est aujourd’hui mise en œuvre de manière encore plus violente chez Numericable-SFR" assène l'organisation.
Fournisseurs impayés, ambiance déplorable. Alors que certains fournisseurs ne sont pas payés, "les salariés sont directement impactés, dans leur activité professionnelle (notamment) ceux qui sont en contact avec les sous-traitants, dépendants de leur activité, ou parce qu’ils ne disposent plus des moyens nécessaires à l’exercice normal de leur métier…" poursuit la CFE-CGC dans sa lettre expliquant même que ce problème se poursuit "jusque dans leur accès à la cantine de l’entreprise, dont le prestataire n’a pas été payé".
Contexte anxiogène. Le syndicat continue en expliquant que "ce contexte très dégradé est évidemment très anxiogène pour les salariés de Numericable-SFR, comme l’ont été les méthodes qui déclenchèrent la crise sociale chez France Télécom" et conclut en demandant "une médiation" de l'Etat, comparable à celle mise en place chez France Télécom en 2010.
"Cost killer". Depuis leur arrivée à la tête de SFR, les équipes de Patrick Drahi (propriétaire de SFR-Numericable) ont mis en place une politique drastique de réduction des coûts, en renégociant les contrats avec de nombreux fournisseurs, réduisant les effectifs. Il y a une semaine, le groupe était épinglé par le ministère de l'Economie pour de très nombreux retards de paiements.