L'idée était bonne, mais la mise en pratique pose plusieurs problèmes. YouTube, le service de vidéo de Google, fait face depuis plusieurs jours à une importante polémique. En cause, les contenus non appropriés mettant en scène des enfants qui y étaient accessibles jusqu'à peu. Les annonceurs sont de plus en plus nombreux à retirer leurs publicités.
Contenus et commentaires inappropriés
Tout commence mi-novembre. Le site spécialisé américain The Verge publie un long article dans lequel les journalistes expliquent avoir trouvé sur la plateforme des commentaires pour le moins inappropriés. Ainsi, même sur des vidéos totalement innocentes, où des enfants font par exemple de la gymnastique, nombreuses sont les commentaires à caractère sexuel. Le système de modération de YouTube basé sur un algorithme et une vérification humaine en cas de signalement semble donc insuffisant.
Lundi dernier, une enquête du Times met cette fois en cause certains des contenus accessibles sur YouTube. La plateforme proposerait des vidéos où des enfants se trouvent dans des situations "perturbantes". Certaines d'entre elles, montraient notamment une petite fille allongée sur son lit en collants. Les commentaires y étaient de nature pédophile.
Les annonceurs s'en vont
Face à ces révélations, plusieurs annonceurs ont annoncé qu'ils allaient retirer leurs publicités de la plateforme de Google. L'opérateur O2, la chaîne de supermarchés Iceland, le comparateur de produits Which?, la chaîne de grande distribution allemande Lidl, le groupe Mars, Adidas, HP ou encore la Deutsche Bank ont par exemple supprimé leurs publicités. Pour éteindre l'incendie, Google a officiellement réagi sur son blog. La firme de Mountain View promet de prendre plusieurs mesures et notamment d'établir une "liste blanche" des chaînes "éligibles" pour arriver sur YouTube et afficher de la publicité. Cette validation sera effectuée après une vérification méticuleuse réalisée par des employés et non pas automatiquement, a promis Google.
YouTube va également prendre des mesures concernant les commentaires et annonce qu'il fermera désormais les vidéos aux commentaires si des messages évocateurs y sont détectés. Le site promet aussi de travailler avec les autorités de chaque pays pour permettre de confondre les auteurs de ce type de messages. Mais pour YouTube, il s'agit de la deuxième mise en cause pour des contenus inappropriés. Au printemps dernier, la plateforme avait été visée pour avoir affiché de la publicité sur des vidéos à caractère haineux et homophobes.
Un vrai risque pour YouTube
A l'époque, Google avait réagi en promettant, déjà, des changements. Mais la polémique suscitée par l'enquête du Times semble prouver que les mesures prises n'étaient pas suffisantes. Une situation qui commence à énerver les annonceurs. "Les plateformes digitales ont fini par atteindre une dimension et une puissance les rendant incontrôlables. Ni Google, ni YouTube, ni Facebook ne disposent d'algorithmes suffisamment sophistiqués pour s'auto-contrôler", déplore le responsable d'un média dans Les Echos. Pour éviter de perdre définitivement la confiance de ses annonceurs qui génèrent la quasi-totalité de ses revenus, YouTube va donc devoir réagir rapidement afin d'éviter une nouvelle polémique de ce type qui pourrait une nouvelle fois lui coûter très cher.