Ce lundi 20 juin est dédié à la Journée mondiale du Wifi mais nous ne vous parlerons pas des derniers progrès de cette technologie ni des opérations spéciales organisées par des opérateurs télécoms à cette occasion. Non, Europe 1 a décidé de s’intéresser à l’étape d’après : le Lifi, pour "Light Fidélity". Cette technologie permet d’échanger des données par ondes lumineuses et pourrait rapidement s’inviter dans notre quotidien.
Comment fonctionne le Lifi ? A l’image du Wifi, le Lifi permet de transmettre des données sans fil mais, au lieu d’utiliser les fréquences électromagnétiques, la communication se fait par les ondes lumineuses, comme avec le langage Morse.
En effet, tous les fichiers numériques sont binaires, c’est-à-dire composés d’une succession de 0 et de 1. Il suffit donc de traduire ces chiffres en signaux lumineux pour pouvoir envoyer un fichier par le biais de la lumière : la lampe allumée correspond alors à un 1 et la lampe éteinte à un 0. Or, les dernières lampes Led peuvent justement s’allumer et s’éteindre des millions de fois par seconde, permettant ainsi d’envoyer des données sans que cela ne se voit à l’œil nu. Si au début, la communication ne pouvait se faire que dans un sens, de la lampe vers un appareil, les recherches ont permis depuis de faire transiter les données dans les deux sens.
Le site spécialisé Netemedia a réalisé un schéma récapitulatif :
Fin 2012, France Télévision s'était associé à la start-up Oledcomm pour une première démonstration :
Que change le Lifi par rapport au Wifi ? Ce nouveau protocole permet de disposer d’un moyen supplémentaire de communication, ce qui ne sera pas de trop : la technologie Wifi commence à être victime de son succès, avec des objets connectés toujours plus nombreux et un volume de données transmises toujours plus important.
Le Lifi présente aussi des avantages par rapport au Wifi. Il est d’abord au moins cent fois plus rapide que le Wifi. De plus, en ne passant pas par les ondes radio mais par la lumière, il va permettre de proposer un accès sans fil à Internet dans tous les lieux où c’est aujourd’hui impossible : dans les hôpitaux ou les raffineries, où le Wifi n’est pas autorisé à cause des interférences qu’il peut provoquer, où encore dans les crèches et chez les électrosensibles, où le Wifi est interdit en raison de ses risques potentiels sur la santé.
Autre avantage, cette fois-ci économique : il n’y a pas besoin de dégager une fréquence radio pour cette technologie et l’infrastructure existe déjà, puisque tout le monde possède des ampoules chez soi. De plus, une lampe consomme bien moins d’énergie qu’un boîtier Wifi.
En revanche, le Lifi présente deux inconvénients de taille. Tout d’abord, ce protocole ne fonctionne pas en plein jour, la lumière du soleil provoquant d’importantes interférences. Ensuite, l’utilisateur doit être en contact direct avec la source lumineuse pour rester connecté et ne peut donc pas passer d’une pièce à l’autre. Le Lifi est donc destiné à usage sédentaire, à l’opposé de la micromobilité offerte par le Wifi, dont les ondes traversent les murs, ou de la vraie mobilité permise par la 3G et la 4G. En résumé, le Lifi pourrait devenir le complément idéal des autres technologies : l’utilisateur commencerait sa journée chez lui en Wifi, passerait à la 4G pendant son trajet jusqu’à son lieu de travail, où il passerait en Lifi.
A quoi peut servir le Lifi ? Outre le fait de disposer d’un nouvel accès sans fil à Internet, les applications possibles de ce nouveau protocole sont très nombreuses et parfois décalées. Ainsi, le Lifi est la première technologie qui permet de communiquer sans fil sous l’eau, que les ondes électromagnétiques ont du mal à traverser.
De plus, en ne pouvant pas passer à travers les murs, le Lifi va permettre de sécuriser certaines communications qui sont facilement détournables via le réseau Wifi. Alors qu’aujourd’hui une personne mal intentionnée a juste besoin de se trouver dans la zone d’émission d’un réseau Wifi pour tenter de le pirater, il devra demain se trouver sous la lampe qui envoie les données ciblées pour faire de même. Le Lifi peut donc permettre de restreindre géographiquement l’accès à certaines données.
Mais le Lifi va aussi et surtout pouvoir permettre d’accélérer le développement des smart cities, les villes intelligentes. En transformant chaque poteau d’éclairage public en borne internet, une commune pourra par exemple communiquer avec tous ses usagers pour les informer de futurs travaux, d’embouteillage ou encore de la présence d’une menace climatique localisée. Cette technologie pourrait aussi permettre de faire communiquer entre elles les futures voitures autonomes.
Et c’est pour quand ? Le LIfi, c’est pour très bientôt, pour ne pas dire pour dès aujourd’hui. Le Lifi est en effet déjà testé depuis plusieurs mois en grandeur nature en région parisienne. En décembre 2015, la chronique Made in France d’Anicet Mbida racontait le lancement officiel de tests en grandeur nature dans les villes de Vélizy, dans les Yvelines, et de Rueil Malmaison, dans les Hauts-de-Seine.
Le secteur privé expérimente également cette technologie. La Sogeprom, filiale immobilière de la Société Générale installée dans le quartier de la Défense, a testé le Lifi dans deux salles de réunion de juin à novembre 2015, le tout avec succès. Certains supermarchés l’expérimentent également pour apporter à leurs clients des informations ou des promotions en fonction du rayon dans lequel ils se trouvent. Si le Lifi poursuit son développement comme prévu, le grand public devrait faire sa connaissance en 2018.
>> Retrouvez une courte présentation de cette technologie en vidéo :