"Ceux qui nous frappent utilisent le 'darknet' et des messages chiffrés". Lors de la séance questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, Bernard Cazeneuve a fait part de son inquiétude face à ce marché numérique parallèle, obscur, et parfois malfamé. Nicolas Arpagian, directeur scientifique du cycle "Sécurité numérique" à l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice, a expliqué sur Europe 1, jeudi, ce qu'est le "darknet".
Un web "profond" et discret. "Internet, ce sont des milliards et des milliards de pages indexées par les moteurs de recherche. C’est l’Internet du quotidien, celui que l’on fréquente en passant par Yahoo ou Google. Mais ces moteurs n’indexent qu’une infime partie des pages de l’Internet", a d'abord souligné le spécialiste. Ces pages non-indexées par les moteurs de recherche, on les appelle le "deepweb", le web profond. Certaines personnes profitent alors de cette discrétion pour mener une activité illicite. "C'est ce qu'on appelle le 'darknet'", a défini Nicolas Arpagian.
Facilement accessible. Si le "darknet" peut donner l'impression d'une zone brumeuse et difficilement accessible, il n'en est rien. "Il faut télécharger un système de navigation spécifique, comme Tor, le logiciel le plus connu. Il permet de préserver l'anonymat de l'internaute en le faisant 'rebondir' de serveur en serveur, masquant ainsi l'adresse IP (la "plaque d’immatriculation") de son ordinateur. Pour trouver ce que l’on cherche, il faut normalement avoir déjà avoir une adresse. Mais désormais, des petits malins ont créé des moteurs de recherche spécifiquement conçu pour le 'darknet'", a affirmé le spécialiste.
Armes et drogues. "Ces pages permettent d'effectuer des transactions de tous ordres. On ne paie pas en euro ni en dollar, mais dans une monnaie anonyme qu’on appelle le bitcoin", indique Nicolas Arpagian. Parmi ces transactions, on peut trouver de la drogue ou des armes. Un marché qui serait potentiellement utilisé par les terroristes, si l'on en croit Bernard Cazeneuve.
Mais si le "deepweb" peut parfois être fréquenté par des personnes mal-intentionnées, Nicolas Arpagian refuse que la technologie elle-même soit pointée du doigt. "La technique ne rendra pas le monde bon, généreux et humaniste". Et si les autorités parvenaient à supprimer le "darknet", ses utilisateurs créeraient dans la foulée une nouvelle plateforme. La solution n'est pas prête d'être trouvée.