Quelques jours avant le début de la Coupe du monde, on ne parlait que de ça ou presque : on fêtait le vingtième anniversaire de la seule et unique victoire des Bleus au Mondial, en 1998. Un mois plus tard et après la qualification de l'équipe de France pour la finale aux dépens de la Belgique, mardi soir (1-0), commence à se dessiner un étrange parallèle entre le parcours des Bleus de 1998 et celui de 2018.
Les critiques : Avant le début du Mondial 1998, le sélectionneur des Bleus, Aimé Jacquet, avait été éreinté par la presse, et notamment par L'Équipe, pour son management et le niveau de jeu des Bleus. Sans atteindre un tel niveau de remise en cause (Aimé Jacquet en a d'ailleurs gardé la rancune tenace), les Bleus de Didier Deschamps ont aussi connu leur lot de critiques, avant le Mondial, mais aussi pendant, lors d'un premier tour poussif.
Le jeu : En 1998, l'équipe de France a été championne du monde grâce à Zinédine Zidane, double buteur en finale, mais aussi à la qualité de sa défense. Elle n'a encaissé que deux buts en tout et pour tout pendant le tournoi. Si son héritière de 2018 en est déjà à quatre buts concédés (dont trois face à la seule Argentine), elle n'en a pas pris un seul sur les deux derniers matches, en quarts face à l'Uruguay puis en demi-finales contre la Belgique.
La maîtrise collective dont fit preuve l'équipe de 1998, on la retrouve dans l'équipe actuelle. Et pour cause, son sélectionneur, Didier Deschamps, était le capitaine et le premier relais d'Aimé Jacquet il y a 20 ans. En 1998, les Bleus s'appuyaient sur un noyau dur de joueurs évoluant en Italie. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, mais Deschamps a su insuffler la même rigueur, lui qui a été joueur et entraîneur de la Juventus Turin. Par ailleurs, deux de ses cadres, Paul Pogba, qui a évolué quatre saisons avec les Bianconeri, et Antoine Griezmann, pilier de l'Atlético de Madrid de Diego Simeone, sont rodés aux questions de discipline.
Entre 1998 et 2018, il y a la défense et Deschamps comme trait d'union, mais pas seulement. Comme Stéphane Guivarc'h en 1998, l'avant-centre titulaire des Bleus, Olivier Giroud, n'a pas encore marqué le moindre but. Travailleur de l'ombre, l'attaquant des Blues de Chelsea s'est aussi révélé maladroit, comme l'avait été son homologue d'Auxerre 20 ans plus tôt. Il est aussi étonnant de noter que les deux joueurs, parmi les moins cotés des Bleus, ont entamé la compétition avec une blessure : Guivarc'h, qui a pris la défense de Giroud sur Europe 1, avait été touché à un genou face à l'Afrique du Sud lors du premier match, alors que Giroud avait encore des points de suture lors de son entrée en jeu contre l'Australie après le choc subi en amical quelques jours plus tôt contre les États-Unis.
Et puis, dans cette équipe de France, il y a aussi Kylian Mbappé qui, à 19 ans, rappelle évidemment la fraîcheur du duo Thierry Henry-David Trezeguet, qui avaient tous les deux 20 ans à l'été 1998. D'ailleurs, comme Henry en 1998, Mbappé a marqué trois fois lors de ce Mondial…
Le parcours : Tout le monde l'avait noté dès le tirage au sort. Comme en 1998, l'équipe de France était dans le groupe C. Comme en 1998, elle achevait sa phase de groupes par un match contre le Danemark.
Comme en 1998, elle a terminé à la première place de son groupe. Et comme en 1998, elle a ensuite éliminé un pays sud-américain en huitièmes de finale : le Paraguay il y a vingt ans, l'Argentine il y a onze jours !
Troublant, mais peut-être moins encore que le déroulement des matches. Comme ce fut le cas face au Paraguay en huitièmes, avec le but en or de Laurent Blanc lors de la prolongation, c'est une nouvelle fois un défenseur central, Raphaël Varane, qui a sorti les Bleus de l'ornière face à un autre pays sud-américain, l'Uruguay, en quarts de finale (2-0). Et mardi, contre la Belgique, en demi-finales, Samuel Umtiti, auteur seulement de deux buts jusque-là avec le maillot tricolore, a qualifié les Bleus pour la finale, comme l'avait fait il y a 20 ans un autre défenseur central de métier, Lilian Thuram, auteur d'un doublé contre la Croatie (2-1). La Croatie, tiens, devinez quoi : elle a atteint cette année le dernier carré pour la deuxième fois de son histoire, après 1998… Et retrouvera les Bleus en finale.
REPORTAGE - Sur les traces de Samuel Umtiti, à Lyon, à l'âge de 5 ans
Et aussi, le Real Madrid champion d'Europe… Le jeu des Bleus, leur parcours, tout cela est troublant. Mais la ressemblance entre 1998 et 2018 est encore plus prononcée si l'on élargit le spectre en dehors du simple cadre de la Coupe du monde. Ainsi, en 1998, le Real Madrid était devenu champion d'Europe en battant la Juventus Turin en finale (1-0). Cette année, le Real a également gagné la Ligue des champions, en dominant Liverpool en finale (3-1), mais en éliminant également la Juve en quarts de finale (3-0, 1-3).
… Le PSG auteur du doublé Coupe de France-Coupe de la Ligue. En 1998, le PSG avait remporté la Coupe de France aux dépens de Lens (2-1) et la Coupe de la Ligue face à Bordeaux (2-2 a.p., 4-2 aux t.a.b.). Cette année, il a remis ça, contre Les Herbiers en Coupe (2-0) et Monaco en Coupe de la Ligue (3-0).
… Et Israël vainqueur de l'Eurovision ! Et puis, comme, dans le foot, tout se finit souvent en chanson, le 9 mai 1998, deux mois avant le sacre des Bleus, Israël remportait le concours Eurovision grâce à Dana International. Vingt ans plus tard, l'État hébreu a remis ça, cette année, avec le succès de Netta. Si ce n'est pas un signe, ça, que toutes les planètes sont alignées pour que la France décroche dimanche sa deuxième étoile…