Samedi, face au Portugal, en huitièmes de finale de la Coupe du monde (2-1), Edinson Cavani a tout connu : la joie d'un doublé magnifique, avec un but de la tête et un autre du pied droit, mais aussi la peine de devoir quitter ses coéquipiers à un gros quart d'heure de la fin. Connaissant celui que l'on surnomme le "Matador", il ne peut y avoir aucun doute : la douleur était vive. Car cet homme-là, qui incarne la fameuse "Guarra" uruguayenne (la ténacité), ne serait certainement pas sorti si la blessure n'était pas sérieuse.
Le bulletin médical publié lundi l'a confirmé : Cavani souffre d'une lésion œdémateuse sur le muscle interne du mollet de sa jambe gauche. La star du PSG n'a pas participé aux entraînements de la Celeste mardi et mercredi et s'est entraînée à part jeudi. Il a enchaîné les allers-retours en marchant puis trottinant, sans boiter mais sans non plus courir à haute intensité, dans un coin du terrain. Une heure avant le coup d'envoi, la nouvelle, attendue, est tombée : le "Matador" est forfait et ne prendra même pas place sur le banc de touche.
"Ce serait un handicap pour eux". "L’Uruguay sans Cavani, ce n’est pas la même chose", a convenu mercredi Blaise Matuidi, qui a côtoyé Cavani pendant quatre saisons au PSG. "On ne remplace pas facilement un des meilleurs attaquants au monde. Ce serait un handicap pour eux." Dès dimanche, Antoine Griezmann, qui connaît bien le rôle d'avant-centre, avait lui aussi réagi à la probable absence de Cavani. "S'il est blessé, ça va changer énormément de choses", avait-il lancé. "C'est le meilleur attaquant, il ne lâche rien. Dans la surface, il n'a besoin que d'une ou deux touches pour tirer. Cavani à Paris, il défend, avec l'Uruguay, il défend."
Premier attaquant, premier défenseur. Car avec le forfait de Cavani, l'Uruguay ne perd pas seulement son attaquant vedette, il perd également son premier défenseur. Face au Portugal, Cavani n'a ainsi jamais ménagé ses efforts pour se replier et harceler le porteur du ballon. Cavani "est essentiel vu la classe qu'il a comme joueur, vu tout ce qu'il montre à chaque fois qu'il joue en sélection. Ce qu'il fait en général, les efforts physiques, tout le monde les voit et ce qu'il apporte à l'équipe est forcément apprécié", a salué cette semaine Luis Suarez en conférence de presse. L'attaquant du Barça connaît bien l'apport de Cavani. Il a été passeur décisif sur 12 des 45 buts de Cavani avec la Celeste, dont le premier inscrit face au Portugal, samedi, soit plus d'un quart en proportion.
Malgré la blessure, Cavani gardait le sourire, jeudi…
#Rusia2018 | La Celeste comenzó el último entrenamiento en el gimnasio del Sports Centre Borsky antes de enfrentar a @equipedefrance.#ElEquipoQueNosUnepic.twitter.com/u2RZPtr7gu
— Selección Uruguaya (@Uruguay) July 5, 2018
Ces deux-là, qui évoluent ensemble depuis une décennie sous le maillot uruguayen, sont essentiels dans les résultats de leur équipe. Ainsi, depuis 2010, l'Uruguay n'a jamais gagné un match de Coupe du monde sans l'un des deux membres de ce duo : quatre matches sans victoire, un nul (sans Cavani) et trois défaites (sans Suarez). Leader et modèle, attaquant de classe mondiale, premier défenseur de son équipe et complément idéal de Suarez : Cavani pèse son poids.
Stuani, un remplaçant de choix. Mais son absence ne signifie pas pour autant que la partie sera facile pour les Bleus, vendredi. "S'il ne peut pas jouer, il y a Cristhian Stuani, un attaquant 'chiant' qui va défendre", avait souligné Griezmann, qui connaît très bien le football uruguayen, ses valeurs et ses hommes (il côtoie les deux défenseurs centraux de la Celeste dans son club de l'Atlético de Madrid). Cristhian Stuani n'est pas vraiment le premier venu, ni en sélection (il compte 42 capes pour 5 buts marqués), ni en club d'ailleurs. Cette saison, il a inscrit 21 buts avec Gérone, dans le championnat d'Espagne. Soit deux de plus que Griezmann.
Mais surtout, comme le dit le leader d'attaque des Bleus, Stuani défend lui aussi. Sans Cavani, et donc, sans son avant-centre star, la tendance à la défense de l'Uruguay (un but encaissé seulement en quatre matches) va sans doute se confirmer, voire se renforcer. Or, les Bleus préfèrent les grands espaces, comme ceux que lui a offerts l'Argentine en huitièmes de finale. L'absence de Cavani, c'est un avantage pour les Bleus, mais c'est loin d'être un ticket garanti pour les demies.