La maîtrise technique croate contre la solidité défensive danoise. Christian Eriksen contre Luka Modric. Le match Croatie-Danemark comptant pour les huitièmes de finale de la Coupe du monde (dimanche à 20h, à Nijni Novgorod) est une affiche faite de duels. Sur le papier, les Croates partent favoris. Mais pour accéder aux quarts de finale, ils devront franchir la muraille rouge des Danois. Plus facile à dire qu’à faire…
Les Croates faciles, les Danois sans coup d’éclat. C’est peu dire que les Croates ont impressionné au premier tour. Versés dans un groupe D relevé avec l’Argentine, l’Islande et le Nigeria, les Vatreni (les Ardents, en VF) ont réussi à remporter leurs trois matches, et avec la manière. Après un tour de chauffe contre le Nigeria (2-0), la Croatie a dévoré le supposé favori argentin dans un match à sens unique (3-0). Son équipe étant déjà qualifiée à ce stade, le sélectionneur Zlatko Dalić avait fait tourner face à l’Islande mais ses joueurs ont décroché, avec quelques difficultés, une troisième victoire en poule (2-1).
De leur côté, les Danois ont terminé, comme attendu, deuxièmes de la poule C derrière la France. Les Danish Dynamite avaient fait le plus dur lors de la première journée en s’imposant 1-0 face au Pérou, rival potentiel pour la qualification. Pas flamboyants, les coéquipiers de Christian Eriksen ont ensuite concédé deux matches nuls, contre l’Australie d’abord (1-1), puis contre la France (0-0) dans un match sans réel enjeu (le nul satisfaisait les deux équipes).
Opposition de style. Plus que leur parcours, c’est clairement leur façon de jouer qui différencie les Croates et les Danois. Au cours des trois matches de groupe, les premiers ont montré un jeu séduisant tandis que les seconds ont surtout fait preuve d’une rigueur défensive remarquable. Balle au pied, la Croatie s’est révélée être l’équipe la plus enthousiasmante de ce Mondial, portés par le génie de Modric.
Mais la fluidité croate suffira-t-elle à briser la solidarité défensive danoise ? Les Scandinaves n’ont encaissé qu’un but en trois matches… sur penalty. Surtout, ils ne concèdent que peu d’occasions et s’ils marquent, les Danois se replient pour sauvegarder leur avantage. Pas flamboyant mais très efficace.
Modric vs. Eriksen, le match dans le match. La Croatie et le Danemark ont comme point commun le fait d’être emmenés par un joueur clairement au-dessus du lot. Les Croates sont portés par le génie de Luka Modric, déjà auteur de deux buts dans cette Coupe du monde (dont un bijou contre l’Argentine). A 32 ans, le joueur du Real Madrid est arrivé à maturité et officie en tant que maître à joueur au cœur du jeu de la Croatie. En trois matches, il a régalé les amateurs de beau football avec ses transversales millimétrées, son jeu vers l’avant explosif et son touché de balle délicat. Atout majeur des Croates, il peut compter sur ses lieutenants Ivan Perisic, Ivan Rakitic et Mario Mandzukic.
Plus esseulé au sein de l’équipe danoise, le milieu offensif Christian Eriksen a également bien commencé son Mondial avec un but et une passe décisive. A 26 ans, il s’est imposé depuis quatre saisons dans l’entrejeu de Tottenham, participant activement au renouveau des Spurs (sur le podium de Premier League depuis 2015). Christian Eriksen fait partie de ces rares joueurs à terminer chaque saison en "double-double" (au moins dix buts et dix passes décisives). Le Danois a réalisé cette performance, toutes compétitions confondues, sur trois saisons consécutives de 2015 à 2018. Il est évidemment le principal danger du Danemark avec 23 buts et 16 passes décisives en 80 matches.
Un même modèle : la Coupe du monde 1998. La Croatie et le Danemark ne sont pas des équipes ancrées dans l’histoire de la Coupe du monde (aucune finale à leur actif). Hasard du destin, les deux nations ont réalisé leur meilleure performance la même année, en 1998. Trop occupés à supporter leur équipe, les Français se souviennent peu des Danois d’alors, éliminés en quarts de finale par le Brésil après avoir mené au score et tenu tête aux futurs finalistes pendant une heure avant de craquer (3-2).
Les Français se souviennent sans doute un peu plus des Croates en revanche puisque les Bleus ont sans doute livré l’un de leurs matches les plus durs contre la Croatie de Davor Šuker en demi-finale. Tombeurs de l’Allemagne au tour précédent, les Vatreni avaient ouvert le score avant que Lilian Thuram n’envoie la France en finale d’un doublé éternel (2-1). Battus mais pas abattus, les Croates avaient terminé troisièmes en remportant la "petite finale" face aux Pays-Bas.
Une opposition historiquement équilibrée. La Croatie et le Danemark se sont affrontés pour la dernière fois en 2004. En match amical, les Vatreni avaient pris le dessus sur les Danish Dynamite (2-1). Il s’agissait alors de la cinquième opposition entre ces deux équipes, la première ayant eu lieu lors de la phase de groupe de l’Euro 1996 (victoire 3-0 de la Croatie). Le bilan historique est équilibré avec deux victoires chacun et un match nul, avec une particularité : il y a toujours eu un but dans les matches opposant Croates et Danois.