Folle ! Magistrale ! Historique ! La victoire des Bleus en finale de la Coupe du monde nous a tous transportés dans un torrent de joie. Partout en France, dans les villes et les villages, le peuple français a célébré SES champions, SA deuxième étoile. Et c'est remplis de cette fierté incommensurable que nos Bleus vont rentrer en France, lundi, et parcourir les Champs-Élysées sous la clameur de leurs supporters. Mais après ? Que feront-ils dans les jours à venir, quand le quotidien aura repris le dessus sur l'euphorie ?
Replonger dans le quotidien. "Les joueurs vont pouvoir décompresser, partir en vacances deux ou trois semaines. Après, ils vont vite replonger dans le quotidien de leur club", explique Chérif Ghemmour, journaliste à So Foot, dans la Matinale d'Europe 1 lundi. Mais gare au coup de blues, préviennent nos spécialistes. Raphäel Mayeux, coach sportif, parle même de "dépression post-euphorique". Frédéric Waringuez, rédacteur en chef à L'Équipe, abonde. "On l'a vu avec l'Allemagne (championne du monde en 2014, ndlr) et un joueur comme Özil. Ils sont montés tellement haut qu'ils n'ont jamais pu revenir à un niveau acceptable, ils n'ont plus été capables de faire des efforts. Ils ne s'en sont pas remis, et ça explique un peu l'échec de l'Allemagne au premier tour", selon lui.
Des joueurs "très forts mentalement". Pour Raphäel Mayeux, "on n'est pas tous égaux" face à cette "dépression post-euphorique". "C'est une question d'accompagnement. Les joueurs ont des familles, ont ce collectif, cette autre famille élargie. Ça va considérablement amortir cette dépression post-euphorique", tient-il à rassurer. "On a vu dans cette Coupe du monde à quel point les joueurs sont mentalement très forts. Et en même temps, ils ont cette part d'insouciance. Je ne me fais pas vraiment de soucis sur la manière dont ils vont rebondir. Ils vont repartir pour une nouvelle saison, car le foot ça ne s'arrête jamais", note de son côté Frédéric Waringuez.
Le blues d'Aimé Jacquet. Pour le sélectionneur, l'après-sacre peut aussi s'avérer complexe à gérer. "Quand ça s'arrête net, ça peut devenir problématique. On ne le sait pas très bien, mais c'est un peu ce qu'a vécu Aimé Jacquet en 1998. Il a rempli ses obligations médiatiques et il a connu une petite période dépressive où il était un peu fatigué. Dans sa tête, ça n'allait pas bien parce qu'il avait arrêté net. Il n'était plus sélectionneur", rappelle Chérif Ghemmour. Au moins, sur ce point, Didier Deschamps a assuré qu'il resterait sélectionneur de l'équipe de France. Son contrat court jusqu'en juin 2020.
Finalement, peut-être que ce sera nous, supporters, qui accuserons le plus le coup, dans quelques jours, quelques semaines ou quelques mois. C'est en tout cas ce qu'imagine Fabrice d'Almeida, consultant histoire pour Europe 1 : "Cette équipe a fait l'objet d'un enthousiasme assez récent. On est montés très haut. À l'automne, quand ça va retomber, peut-être que nous on aura un petit blues". Pour l'heure, savourons.