"Oscar Tabarez est l’homme qui a révolutionné le football uruguayen." Les mots de Nicolas Cougot, spécialiste du football sud-américain, dans l'émission Bons baisers du Mondial sur Europe 1, ne sont "clairement pas" galvaudés. Tabarez est arrivé à la tête de la sélection en 2006, année de la dernière Coupe du monde à laquelle la Celeste n'a pas participé. Depuis, elle n'en a manqué aucune.
"Il a mis tout le monde derrière la sélection." "Tout ce que l’Uruguay fait depuis quelques années est le fruit du travail d'Oscar Tabarez", relève Nicolas Cougot. Le travail de celui que l'on surnomme "Maestro" est d'avoir "tout changé", d'avoir "institutionnalisé la sélection" : "La sélection est devenue un club, pour résumer." Sa philosophie est simple : faire grandir les joueurs, génération après génération, avec un principe de jeu et de formation identique, adopté à l'échelle du pays.
Et "les clubs jouent le jeu" alors que "tout le monde se tirait dans les pattes" : "Il a mis tout le monde derrière la sélection." "Mais ce qui a été très fort aussi dans tout ce processus Tabarez, c’est qu’il a aussi remis le peuple derrière l’Uruguay", souligne Nicolas Cougot.
Une méthode fructueuse. Son raisonnement repose sur un constat simple. Avec seulement 3,5 millions d'habitants, l'Uruguay est un nain à côté des mastodontes que sont ses voisins argentins (43 millions) et brésiliens (206 millions). Avec un vivier de joueurs logiquement moins important, il fallait donc se montrer ingénieux afin de pouvoir rivaliser au niveau international.
Et la méthode porte ses fruits. La présence de la Celeste en quarts de finale de la Coupe du monde face à l'équipe de France est tout sauf un hasard ou une surprise. En Russie, les Uruguayens participent à leur troisième Mondial consécutif, du jamais vu depuis les années 70. Loin de faire de la figuration, ils se sont à chaque fois qualifiés pour la phase finale, atteignant les demi-finales en 2010, les huitièmes en 2014 et donc (pour le moment) les quarts de finale en 2018.
"On se sacrifie derrière la cause uruguayenne." A une époque, les joueurs venaient en sélection "en traînant des pieds". Désormais, "on se sacrifie derrière la cause uruguayenne". Un sens du sacrifice qui "touche tout le monde", y compris Tabarez lui-même. Atteint du syndrome de Guillain-Barré, une maladie inflammatoire auto-immune qui touche le système nerveux, le "Maestro" est contraint de se déplacer à l'aide d'une béquille. Ces dernières années, il les a dédiées corps et âme à sa sélection.