La transition énergétique va-t-elle faire les frais du tour de vis budgétaire exigé par le ministre de l'Économie ? Face à une prévision de croissance revue à la baisse, Bruno Le Maire a annoncé dimanche soir que l'État devra faire 10 milliards d'euros d'économies en 2024. Parmi les leviers identifiés : MaPrimeRénov', le dispositif de l'État pour aider les ménages a mieux isolé leur logement et ainsi, réduire leur impact environnemental.
Les finances avant l'environnement
L'année dernière, l'ancienne Première ministre Elisabeth Borne avait annoncé fièrement 1,6 milliard d'euros supplémentaires pour le dispositif, vantant un effort "sans précédent". Quelques mois plus tard, la conjoncture économique a changé. Le chômage est reparti à la hausse, la croissance ne sera pas si florissante que prévue et il faut donc couper dans les dépenses publiques. Alors finalement, l’enveloppe sera allégée d’un milliard. Il n’y aura que 600 millions d’euros d’augmentation.
"L’engagement maintenant, c’est de respecter la réduction des déficits tel que la France s’y est engagée vis-à-vis de Bruxelles et cet objectif passe avant tous les autres. Que ce soit la réduction du chômage ou des gaz à effet de serre", analyse Éric Heyer, économiste à l’OFCE.
Leasing et bonus sacrifiés pour limiter la casse budgétaire
Ce n’est pas la première fois que la transition fait les frais des finances publiques ces dernières semaines. Si l’exécutif a annoncé la fermeture du dispositif de leasing social après six semaines seulement d’existence en 2024, c’est une question de budget. L’explication tient aussi pour le coup de rabot sur le bonus écologique. "Sans ces aides ou avec moins d’aides, est-ce que les Français vont continuer à acheter autant de voitures électriques ?" interroge Flavien Neuvy, économiste et directeur de l'Observatoire Cetelem. "C’est une question qu’on se pose et ce sera surveillé en 2024".
Désormais, l’exécutif n’exclut plus rien. Mardi matin, à Bercy, l’entourage de Bruno Le Maire et de Thomas Cazenave évoquait même la possibilité de piocher dans les milliards du plan France 2030 censé moderniser l’industrie, si la situation économique continue à se détériorer.