«La pire tempête depuis un siècle» : pourquoi l'ouragan Milton est si craint aux États-Unis

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Maud Baheng Daizey / Crédits photo : MARIO TAMA / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Après l'ouragan Hélène qui a durement frappé les États-Unis, le gouvernement de Floride et le golfe du Mexique s'apprêtent à connaître un nouveau déchaînement climatique. L'ouragan Milton frappera la côte dans la nuit du mercredi 9 au jeudi 10 octobre, faisant craindre le pire au niveau des potentiels dégâts matériels et humains.

Le Centre national des ouragans américain (NHC) est formel : l'ouragan Milton est "un ouragan majeur et dangereux". Relevé au niveau maximal de l'échelle Saffir-Simpson, il est déjà connu comme "la pire tempête à frapper la péninsule en un siècle", a affirmé le président américain Joe Biden . Des vents pouvant aller jusqu'à 250 km/h sont également redoutés.

D'abord classé en catégorie 4, Milton avait longé les côtes de la péninsule de Yucatan (Bélize, Amérique du Nord). Repassé mardi en catégorie 5 - la catégorie la plus élevée - , il frappera le Mexique avant de se diriger vers la Floride qu'il traversera d'ouest en est. La ville de Tampa et ses quelques trois millions d'habitants seront directement frappés ce mercredi 9 octobre.

"Une question de vie ou de mort" pour Joe Biden

Des dizaines de milliers d'habitants ont été évacués en Floride , dont 51 comtés sur 67 sont concernés et où vivent quatre millions d'habitants. Le pays a rapporté que la moitié des stations-service de Floride étaient vide d'essence, du fait du déplacement des populations.

En septembre déjà, l'ouragan Hélène  et ses vents à 220 km/h avaient ravagé le sud-ouest des Etats-Unis, renforcés par le réchauffement climatique . D'importants dégâts matériels et de nombreuses inondations avaient été reportés dans une demi-douzaine d'Etats, et au moins 235 personnes avaient péri. Hélène avait également été classé comme l'ouragan "le plus meurtrier" depuis Katrina en 2005.

Mardi 8 octobre, lors d'une allocution, le président démocrate a exhorté les quatre millions d'habitants de la Floride à évacuer, arguant qu'il s'agissait "d'une question de vie ou de mort" pour les Américains concernés. Il a également avancé que Milton est "la pire tempête" que connaîtra l'État depuis "un siècle". Un événement qui vient s'ajouter à Hélène, qui avait connu une trajectoire similaire.

L'ouragan Hélène "n'était qu'un avertissement"

Sur CNN, la maire de la ville de Tampa, Jane Castor, n'a elle non plus pas mâché ses mots : "Hélène, ce n'était qu’un avertissement. Ça, c'est littéralement catastrophique. Et je le dis sans aucune dramatisation... Ceux qui refusent d’évacuer vont mourir", a-t-elle assené.

Au Mexique , les États de Yucatan, Campeche et Quintana Roo sont également en alerte, bien que le danger soit moindre. Les autorités locales ont recommandé aux habitants de se barricader et de protéger leurs fenêtres, tandis que la protection civile nationale a été déployée dans le Yucatan. La marine et la défense nationale ont lancé leur protocole d'urgence et se tiennent prêtes pour toute intervention. 

Une saison d'ouragans "extraordinaire" dans le pays

Un problème ne venant jamais seul, l'ouragan Milton est accompagné de deux autres tempêtes, Leslie et Kirk, cette fois-ci au centre de l'Atlantique. Une "première" selon Philip Klotzbach, chercheur à l’université du Colorado et spécialisé dans le suivi des ouragans. "Pour la première fois dans les annales, l’Atlantique compte trois ouragans simultanément, après le mois de septembre", a-t-il déclaré. L'observatoire météorologique américain (NOAA) avait rappelé à la fin du mois de mai 2024 que la saison des ouragans s'annonçait "extraordinaire", avec quatre à sept ouragans de catégorie 3 ou plus.

Une aggravation des phénomènes météorologiques d'une telle ampleur qui s'explique par le réchauffement climatique, qui agit directement sur la température (et donc la violence) des ouragans. Nathalie Huret, spécialiste de l'atmosphère à l'observatoire physique du globe de Clermont-Ferrand et au CNRS, explique que "ce qui nourrit un ouragan, c'est l'augmentation des températures de l'océan. Cela provoque l'évaporation de l'océan et donc la condensation des nuages, qui va se transformer en énergie de rotation." La spécialiste précise que cette partie de l'Atlantique fait face à une "vague de chaleur marine" inédite qui, combinée à une dépression classique, permet la formation des ouragans.

"Dès qu'il y a une augmentation des températures de l'océan, il y a une évaporation puis une libération de chaleur latente lors de la condensation associée à la formation de nuage", affirme-t-elle. "Cette énergie libérée est le moteur de la formation et de l'intensification des ouragans. Sur le site du service européen des prévisions des températures Mercator , on constate une hausse des températures jamais vue dans l'océan à la surface de la trajectoire de l'ouragan Milton. Un phénomène que le monde doit se préparer à rencontrer de plus en plus souvent.