Six ans après Paris-2024, les anneaux olympiques pourraient de nouveau s'établir dans l'Hexagone. Sauf improbable retournement de situation, c'est bien la France qui accueillera l'édition 2030 des Jeux olympiques d'hiver. Plus précisément les Alpes françaises, seule candidature retenue par le Comité international olympique (CIO) tandis que la Suisse et la Suède étaient également sur les rangs. Une nouvelle qui a ravi autant qu'elle a fait bondir.
Plusieurs pourfendeurs du retour des jeux sur le sol français ont notamment soulevé des arguments écologiques, craignant, entre autres, le recours à la neige artificielle. "70 % des ressources d’eau douce sont dans les glaciers, elles fondent à vue d’œil et nous allons investir dans des Jeux pour faire de la neige artificielle alors que nous ne sommes pas sûrs qu’il y aura de la neige en 2030", a ainsi dénoncé Fabienne Grébert, conseillère régionale et présidente des Écologistes à la région Auvergne Rhône-Alpes, au micro de Franceinfo.
"Il est clair qu'il y aura moins de neige qu'aujourd'hui"
À l'inverse, David Lappartient, président du Comité national olympique et sportif français, s'est voulu résolument plus optimiste, assurant sur Franceinfo, qu'il y aurait "de la neige, très majoritairement de la neige naturelle". Ce qui fut pourtant loin d'être le cas lors des derniers Jeux d'hiver organisés en février 2022 à Pékin, où 365 canons à neige artificielle avait tourné à plein régime pour assurer le bon déroulé de l'évènement. Au regard de la tendance climatique, doit-on craindre un procédé similaire lors de cette future olympiade tricolore ?
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En 2021, une étude publiée dans la revue scientifique The Cryosphere soulignait que la durée d'enneigement avait diminué de près d'un mois sur les 50 dernières années, particulièrement à basse et moyenne altitude. "S'agissant des Alpes, on sait que l'on perd environ un mois d'enneigement chaque hiver par degré de réchauffement aux alentours de 1.500m d'altitude. Ce réchauffement avoisinera certainement 1,5 degré à l'horizon 2030. Donc il est clair qu'il y aura moins de neige qu'aujourd'hui", explique Françoise Vimeux, climatologue à l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD).
"Sept ans, ce n'est pas très long"
De façon générale, la plupart des experts confirment le scénario d'une diminution progressive de la quantité de neige disponible d'ici à la fin du siècle. "Cependant, sept ans, ce n'est pas très long sur une échelle qui court jusqu'à 2100", tempère Nathalie Huret, professeure des universités en physico-chimie de l'atmosphère. "Et en France, on a des glaciers qui, même s'ils se réduisent, assurent tout de même une couche à faible température qui permet de conserver de la neige", ajoute-t-elle.
Des glaciers qui, toutefois, n'ont rien d'éternels, rappelle Françoise Vimeux. "On sait que, d'ici à 15 ans, les glaciers qui sont à des altitudes inférieures à 4.000m dans les Alpes auront, a priori, disparu. Chaque fois que l'on émet 1kg de CO2, 15kg de glaciers disparaissent dans le monde".
Des paramètres météorologiques décisifs
Le bon déroulé de ces jeux d'hiver dépendra également de nombreux facteurs difficiles, sinon impossibles, à prévoir à l'instant T. "Si vous regardez par exemple l'an dernier, il y avait de la neige partout pendant la semaine de Noël. Et ensuite, entre Noël et le Nouvel An, une vague de chaleur est arrivée et il faisait 0 degré à 2.000m d'altitude. Donc tout ce qui était en dessous commençait à fondre", souligne Nathalie Huret. De telles conditions météo en février 2030 conduiraient nécessairement les organisateurs à faire usage de neige artificielle, fragilisant ainsi l'objectif d'une olympiade respectueuse de l'environnement.
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Néanmoins, si les températures sont vouées à augmenter d'ici à 2100, "cela ne signifie pas que, localement, il n'y aura pas d'épisodes de froid", ajoute Nathalie Huret, rappelant, en outre, que "même dans les années 1980, on avait des hivers avec moins de neige". Organiser l'évènement dans les Alpes était d'ailleurs indispensable, selon elle. "S'ils organisaient ça dans le Jura ou en Auvergne, là, je dirais qu'ils sont fous. Mais dans les Alpes, entre les glaciers et la haute altitude... J'espère juste qu'ils prévoiront des tracés suffisamment hauts pour prévenir les risques". Pour l'heure, les stations de Courchevel, Méribel et Val d'Isère ont été retenues pour accueillir le pôle ski alpin.