Décès d'un jeune homme lors d'une interpellation : le parquet fait appel de l'acquittement du gendarme

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avec AFP // Crédit photo : Loïc Venance/AFP

Le parquet de Douai a annoncé ce vendredi faire appel de l'acquittement du gendarme du GIGN. La cour criminelle du Pas-de-Calais le jugeait pour un tir mortel en 2018 sur un jeune homme de 22 ans lors d'une interpellation. L'avocat général avait requis deux ans d'emprisonnement. L'appel sera examiné par la cour d'assises du Nord. 

Le parquet général de Douai a annoncé vendredi faire appel de l'acquittement du gendarme du GIGN acquitté jeudi par la cour criminelle du Pas-de-Calais, où il était jugé pour un tir mortel en 2018 sur un jeune homme de 22 ans lors d'une d'interpellation. "Cet appel sera examiné par la cour d'assises du Nord, instance d'appel de la cour criminelle départementale", a-t-il précisé dans un communiqué. "La date d'audience sera précisée ultérieurement."

L'avocat général avait requis deux ans d'emprisonnement

"Elle est belle la justice !", s'étaient écriés des proches de la victime, Henri Lenfant, membre de la communauté des gens du voyage, après le verdict jeudi. La colère s'était muée en manifestation spontanée en dehors du tribunal, avec des larmes, des cris, des insultes, des menaces. Adultes et enfants avaient participé à des dégradations mineures, renversant des poubelles et brisant des objets appartenant à des commerçants.

L'avocat général avait requis deux ans d'emprisonnement à l'encontre du gendarme, rejetant la notion de "légitime défense". Alexandre B., alors chef de groupe d'une unité au GIGN de Reims , était jugé pour "violence d'une personne dépositaire de l'autorité publique ayant entrainé la mort sans intention de la donner", des faits passibles de 20 ans de prison.

 

Les faits remontent au soir du 28 septembre 2018 à Fouquières-lès-Lens, quand son escouade, appelée en renfort par la gendarmerie d'Arras dans le cadre d'une enquête sur des cambriolages, tente d'interpeller trois personnes dans une voiture, membres de la communauté des gens du voyage. Les passagers réussissent à prendre la fuite, mais le conducteur, Henri Lenfant, reste au volant, moteur éteint, non armé.

Les gendarmes essayent de l'extirper du véhicule, mais il refuse de sortir. Côté passager, portière ouverte, Alexandre B. tire le frein à main, à genou sur le siège passager et s'applique, en vain, à retirer les clés du contact. Henri Lenfant redémarre la voiture et accélère. Alexandre B., toujours à genou sur le siège passager, extrémité des jambes dans le vide, s'acharne à rester dans le véhicule. Se sentant en danger, il sort son arme et tire, atteignant le jeune homme à la nuque. "Mon souhait n'était pas de tuer la personne, mais de sauver ma vie", avait-il déclaré lundi.