Les policiers chargés de l'enquête sur les mains rouges taguées au Mémorial de la Shoah à Paris soupçonnent la Russie d'en être à l'origine. Ils pensent avoir démasqué trois Bulgares qui ont immédiatement rejoint la Belgique en bus après les faits. Un mode opératoire qui se répète ces derniers mois : en novembre dernier, des Moldaves avaient été soupçonnés d'être derrière l'affaire des étoiles de David taguées à Paris.
"On n'est plus uniquement dans des tentatives de déstabilisation numérique"
La menace fait désormais partie du quotidien des policiers. Selon les informations d'Europe 1, les patrouilles parisiennes ont reçu comme consigne de faire remonter n'importe quel tag, graffiti ou message étrange, religieux ou communautaire inscrit sur la voie publique. Les policiers doivent aviser l'État-major et rédiger un procès-verbal dès leur retour au commissariat.
La DGSI est systématiquement avisée. "On voit bien qu’on a basculé dans la mise en œuvre d'opérations physiques et clandestines", décrypte une source du renseignement qui ajoute "on n’est plus uniquement dans des tentatives de déstabilisation numérique". En effet, depuis l'expulsion de plusieurs espions russes du sol français après l'invasion en Ukraine, Moscou privilégie le recours à des intermédiaires. Des équipes itinérantes à travers l'Europe, payées à l’acte, un peu sur le modèle des commandos de tueurs, souvent recrutés dans le milieu de la criminalité organisée.
Provoquer le désordre sur des sujets électriques
L'objectif est de provoquer du désordre sur les sujets électriques qui animent le débat public. À l’approche des Jeux olympiques, le renseignement entrevoit une montée en gamme de ce mode opératoire. Aujourd’hui, ce sont des tags mais demain, un incendie déclenché au pied d’une centrale nucléaire aura un impact beaucoup plus important. En attendant, les autorités tentent de trouver la parade pour éviter de s'auto-intoxiquer et de voir systématiquement la pâte du Kremlin derrière n'importe quel graffiti ou incident numérique.