Détournement de frais de mandat : Jean-Christophe Cambadélis condamné à huit mois de prison avec sursis

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avec AFP // Crédit photo : Sipa

L'ex-chef du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, a été condamné à huit mois de prison avec sursis et 60.000 euros d'amende pour avoir utilisé à des fins personnelles plus de 110.000 euros de ses frais de mandat parlementaire. Des actes qui portent "atteinte aux valeurs de la démocratie républicaine", selon le tribunal correctionnel. 

L'ancien patron du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis a été condamné mercredi à Paris à huit mois de prison avec sursis et 60.000 euros d'amende, dont 30.000 euros avec sursis, pour avoir utilisé à des fins personnelles 114.057 euros issus de ses frais de mandat parlementaire.

Jean-Christophe Cambadélis a "volontairement transgressé la loi"

Le tribunal correctionnel a jugé l'ex-député de Paris, aujourd'hui âgé de 73 ans, coupable de détournement de fonds publics, considérant qu'il avait "sciemment utilisé des fonds mis à sa disposition dans le cadre de l'indemnité représentative de frais de mandat (IRFM) à des fins contraires à leur objet". Jean-Christophe Cambadélis a "volontairement transgressé la loi", a-t-il estimé, soulignant que ces faits, "commis par un élu de la République", portaient "atteinte aux valeurs de la démocratie républicaine".

Il a également été condamné à cinq ans d'inéligibilité, et doit encore rembourser à l'Assemblée nationale un peu plus de 27.000 euros. Cette peine est quasi conforme aux réquisitions du Parquet national financier (PNF), qui avait demandé huit mois de prison avec sursis et une amende de 60.000 euros, sans sursis, ainsi que cinq ans d'inéligibilité. Son avocat, Me Jean-Etienne Giamarchi, a indiqué réfléchir à faire appel.

 

Jean-Christophe Cambadélis, qui fut parlementaire de 1988 à 1993 puis de 1997 à 2017, était poursuivi pour un mauvais usage de IRFM lors de ses deux dernières années au Palais Bourbon. Ses dépenses, ainsi que celles de 14 autres élus de tous bords, avaient été épinglées fin 2018 par la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), née après le scandale Cahuzac.

Le député socialiste s'était ainsi notamment servi de son IRFM pour s'acquitter de sa cotisation à son parti ou pour payer une partie de ses dépenses de campagne en 2017 - ce qui était pourtant expressément prohibé par les règles en vigueur à l'Assemblée depuis mars 2015. Il avait également régulièrement utilisé l'enveloppe de l'IRFM pour régler des dépenses personnelles, comme son loyer, ses factures d'énergie, ses impôts ou un voyage à Prague en famille.

En 2022, Jean-Christophe Cambadélis avait accepté d'être jugé au cours d'une procédure de comparution sur reconnaissance de culpabilité (CRPC), sorte de "plaider-coupable" à la française permettant d'éviter un procès en correctionnelle. Dans ce cadre, il avait accepté la peine, négociée alors avec le PNF, de six mois d'emprisonnement avec sursis et un an d'inéligibilité, également assorti du sursis. Mais lors de l'audience d'homologation, la justice avait cependant estimé cette peine insuffisamment sévère et refusé en conséquence de l'homologuer, conduisant Jean-Christophe Cambadélis à être jugé devant le tribunal correctionnel.