Le parquet général a requis mardi le placement en détention provisoire de l'auteur de l'accident dans lequel est morte une fillette de sept ans, percutée sur un passage protégé de Vallauris dans les Alpes-Maritimes par sa moto roulant sur la roue arrière. La chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Aix-en-Provence qui examinait l'appel du parquet de Grasse sur le placement du jeune homme sous contrôle judiciaire rendra sa décision mercredi à 11h45.
Une roue arrière involontaire suite à "un petit filet de gaz"
Le jeune alternant en informatique de l'IUT de Sophia-Antipolis dans les Alpes-Maritimes a évoqué devant la cour une roue arrière involontaire suite à "un petit filet de gaz" qui l'aurait surpris : "La moto s'est levée, j'ai commencé à perdre l'équilibre, j'ai freiné, coupé les gaz. La petite fille traverse au moment où j'ai freiné et, en retombant, je l'ai percutée."
Afin de dépasser une file de voitures immobilisées dans un embouteillage, il avait déboîté sur la file à contresens et assure ne pas avoir vu la fillette et son frère qu'un automobiliste avait laissé traverser. Les deux enfants s'engageaient sur la seconde moitié de la chaussée.
Evoquant les vidéos de l'accident, survenu le 29 août, le président de la chambre de l'instruction, Laurent Becuywe-Lozac'hmeur, a noté que le dépassement n'était pas autorisé, le motard n'ayant pas la possibilité de se rabattre sur sa voie normale de circulation.
L'avocat général réclame le placement du jeune homme sous mandat de dépôt
L'avocat général Jean-François Varaldi a réclamé le placement du jeune homme sous mandat de dépôt, appelant la cour à "faire du droit, rien que du droit" après avoir parlé d'"une colère et d'une émotion partagées par l'opinion publique qui en a assez de l'insécurité routière, de ces usagers de la route qui se comportent comme des conquérants".
>> LIRE AUSSI - Fillette fauchée à Vallauris : comment durcir la répression face aux rodéos urbains ?
Contrairement au parquet et au juge d'instruction de Grasse qui avaient fondé leur demande de mandat de dépôt sur une nécessaire protection de la personne mise en examen - ce que le juge des libertés et de la détention n'avait pas retenu -, l'avocat général a demandé à la cour de motiver son placement en détention sur un risque de renouvellement de l'infraction.
"Depuis ce jour, je ne mange pas, je dors très peu", déclare le motard
Même si son permis de conduire lui a été retiré, "il a fait fi de toutes les règles et il peut recommencer", a insisté Jean-François Varaldi tout en reconnaissant que le jeune homme présente de "bons renseignements" et n'est pas de "ceux qui, dans certains quartiers, se livrent à des rodéos urbains en faisant des signes aux policiers". "Il est tellement choqué par ce qui s'est passé qu'il est incapable de remonter sur un deux-roues", a opposé l'avocate du motard, Me Leyla Montigny, selon laquelle aucun des critères légaux permettant la détention provisoire n'est présent dans ce dossier. "Depuis ce jour, je ne mange pas, je dors très peu", a déclaré le jeune homme.
Les parents de Kamilya, la fillette de 7 ans tuée, étaient absents, la famille étant partie enterrer l'enfant dans le pays d'origine de sa famille. L'avocat général a souligné la dignité de "ce père de famille qui a tenu des propos sans haine". Juste après l'accident, "il est venu vous voir en ne faisant pas partie de cette foule qui voulait vous lyncher", a-t-il ajouté.
En 2023, 49 mineurs de 0 à 13 ans ont été tués sur les routes en France métropolitaine, selon l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière, contre 59 en 2022 et 111 en 2010.