L'enquête ouverte sur des soupçons de dons illégaux au microparti du ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, lors de la campagne pour la primaire de la droite en 2016 a été classée sans suite "pour absence d'infraction", a indiqué lundi le parquet de Paris, confirmant une information du JDD. L'enquête de la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE), ouverte après un signalement de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), a établi que les abandons de créances par le microparti du ministre, "Avec BLM", n'étaient pas frauduleux, selon le parquet.
"Il s'agissait en réalité de prestations dont la qualité voire l'existence avaient été contestées, et pour lesquelles les créances d'abord déclarées, non réclamées, avaient fini par être prescrites", a-t-il précisé. "Nous nous félicitons que les éléments pertinents communiqués ont convaincu le parquet de classer cette affaire", a réagi auprès de l'AFP Me Cyril Bonan, avocat de Bruno Le Maire. Le ministère de l'Economie n'a pas souhaité commenter.
"Délai de prescription légal"
Lors de la primaire de la droite en 2016, Bruno Le Maire était arrivé en cinquième position avec seulement 2,4% des voix. Son microparti "Avec BLM", mis en sommeil après les échéances électorales, avait récolté deux millions d'euros et avait ensuite peiné à éponger ses dettes. Les investigations avaient été lancées le 2 juin pour "participation au financement d'un parti politique par une personne morale par dons ou fourniture d'avantages à un prix inférieur à ceux habituellement pratiqués" et pour "acceptation par le parti politique de ces mêmes avantages".
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Le ministre, par la voix de son entourage, avait rejeté les accusations, se disant "surpris" que la CNCCPF saisisse la justice alors qu'elle avait "validé les comptes de l'association BLM sans réserve par courrier en date du 21 novembre 2022". Les comptes "ne laissent apparaître ni périmètre incomplet ni incohérence manifeste", avait assuré l'entourage de Bruno le Maire. Des factures de prestataires non réglées étaient dans le viseur des enquêteurs. Selon Mediapart, sur "plus d'une dizaine" de prestataires non payés, les plus grosses dettes annulées émanent de deux spécialistes de la communication politique : Experian (avec une facture de 24.990 euros non réglée) et Catch Digital Strategy (9.000 euros). Interrogé par la CNCCFP, dans des observations consultables en ligne, le microparti avait notamment justifié ces dettes annulées par le dépassement du "délai de prescription légal" de cinq ans.