Le policier municipal ayant tué l'homme qui avait agressé au tournevis un agent de propreté et un autre policier mercredi matin à Aubervilliers a été placé en garde à vue, a annoncé le procureur de la République de Bobigny dans un communiqué de presse. Âgé de 47 ans, cet homme qui vivait dans la rue a été mortellement touché au thorax par le policier municipal.
D'après le récit du procureur Eric Mathais, les forces de l'ordre ont été appelées mercredi à 8h20 pour un homme qui avait porté cinq coups de tournevis à un agent de propreté de Plaine Commune Habitat.
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Deux autres enquêtes ouvertes visant le défunt
En intervention sur les lieux, l'un des policiers nationaux a été pris à partie par l'homme qui "tentait de lui porter des coups à travers la fenêtre" du véhicule et "parvenait à le blesser au niveau du bras". Également présent sur place, "un policier municipal de la commune d'Aubervilliers patrouillait quant à lui avec deux collègues. Dans des circonstances qui restent à déterminer, le policier municipal tirait en direction de l'auteur, le touchant au niveau du thorax", écrit le procureur.
Le décès a été constaté à 9h10. L'agent de propreté et le policier national sont sortis de l'hôpital, a précisé Eric Mathais et plusieurs enquêtes ont été ouvertes. Le service départemental de police judiciaire est chargé des investigations visant le policier municipal, "la police municipale ne relevant pas des compétences de l'IGPN", a précisé le parquet. L'agent de police a été placé en garde à vue pour "violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner par personne dépositaire de l'autorité publique".
Deux autres enquêtes visant le défunt ont été ouvertes pour violences volontaires avec arme sur personne chargée de mission de service public et personne dépositaire de l'autorité publique. Celles-ci ont été confiées à la sûreté territoriale. A la mi-journée, un large périmètre de sécurité a été déployé autour des lieux du drame, a constaté une journaliste de l'AFP. Des véhicules de police et une dizaine de fonctionnaires étaient visibles à proximité du corps, recouvert d'une bâche blanche. Une caméra de vidéosurveillance surplombe le croisement de rues.
Des membres de la communauté ivoirienne se sont rassemblés
Devant l'un des rubans de la police, tenus à distance des lieux, une vingtaine de membres de la communauté ivoirienne, à laquelle le défunt appartenait, se sont rassemblés. Effarés par la nouvelle, ils refusent de croire que leur proche, prénommé Yaya et qui vivait en France depuis une vingtaine d'années, ait été agressif. "C'est un frère à nous, il est malade. Au moment où ils le tuent, il n'était pas armé", avance Abdou Marico, qui dénonce un "assassinat".
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Depuis sept ans, l'homme vivait dans sa voiture, habituellement stationnée dans une rue calme et récemment retirée par la police municipale. "Depuis quelques jours, il n'était pas bien, il n'avait pas où dormir. Il était perturbé, on lui a dit qu'on allait lui trouver une autre voiture", témoigne un proche qui a souhaité garder l'anonymat comme d'autres personnes interrogées par l'AFP. "Tous les policiers d'Aubervilliers savent qu'il est fou", rapporte Abou Doumbia, membre de l'Association des jeunes ivoiriens de France.
Des membres de l'association ont annoncé vouloir porter plainte, dénonçant l'usage de l'arme à feu. "On peut arrêter quelqu'un avec un tournevis", s'emporte un homme. "Ils ont le matériel pour faire ça", abonde un autre. "Il ne méritait pas ça : il y avait d'autres moyens de l'arrêter", déplore également une femme âgée d'une vingtaine d'années qui assure, tout comme d'autres riverains rencontrés par l'AFP, ne s'être "jamais sentie en danger face à lui".
Plusieurs établissements scolaires dans le quartier
Les faits sont intervenus dans un quartier où se concentrent plusieurs établissements scolaires. D'après des assistantes maternelles rencontrées par l'AFP dans un square à proximité des lieux, le dispositif de sécurité a poussé les parents à contourner la scène pour pouvoir déposer leurs enfants.
Ce mercredi s'est déroulée l'opération Grande Lessive organisée chaque mois par Plaine Commune pour procéder à un grand nettoyage des rues en enlevant les véhicules. "Nous condamnons fermement cet acte de violence inacceptable qui a conduit à cette agression dramatique. Toute agression contre ceux qui s'occupent de notre ville est intolérable", a réagi auprès de l'AFP la maire UDI de la ville, Karine Franclet.