Son meurtre avait provoqué une onde de choc. Lors d'un contrôle d'un point de deal dans le centre-ville d'Avignon, Éric Masson, un policier de 36 ans, est tué par balle, tandis qu'un autre de ses collègues est blessé. Presque trois ans après les faits, le procès du principal suspect, un jeune homme de 19 ans au moment des faits, s'ouvre cette semaine.
Risques grandissants
Invitée ce mardi au micro de La Grande interview Europe 1-CNews, la déléguée nationale du syndicat Unité SGP Police-Force Ouvrière Linda Kebbab souligne la cicatrice qu'a laissé cette affaire au sein de la police. "Quand on a appris les faits, on a tous été dans le déni. Et aujourd'hui, en voyant la photo d'Eric Masson, on se rend compte qu'on est encore un peu traumatisé", explique-t-elle au micro de Sonia Mabrouk.
"Souvent dans l'imaginaire, on imagine que les policiers sont en danger lorsqu'ils vont par exemple sur une prise d'otages, lorsqu'ils font partie des forces d'intervention. En réalité, c'est souvent la police du quotidien qui est confrontée au risque de blessures graves et de mort", poursuit la policière, visiblement inquiète face aux risques grandissants sur le terrain.
"Nous sommes profondément affectés"
"Vous savez, on est au cœur de la cité des Papes, dans une ville moyenne qui n'est pas la plus criminogène du pays. Des policiers sont appelés initialement sur un simple différend qu'ils ne constatent pas en arrivant. Étant sur place, ils voient finalement qu'il y a un point de stupéfiants comme il y en a des dizaines de milliers d'autres en France. Ils font un contrôle très lambda et l'un d'eux est abattu, je suis désolé de la dire, comme un chien. Eric Masson est abattu comme un chien par une arme de guerre, comme un chien par un homme qui avait été plusieurs fois condamné", martèle Linda Kebbab au micro d'Europe 1.
"Nous sommes profondément affectés parce que nous avons tous commencés comme ça sur la voie publique, à exercer des missions de contrôle sur du trafic de stups suite à des différends et à tout moment, on sait que ça peut nous arriver. C'est arrivé à un policier décrit comme intègre, loyal, courageux, un père de famille de deux filles qui aujourd'hui sont orphelines, tout simplement parce que leur père a simplement fait son métier en France en 2021" conclut-elle.