Narchomicide à Marseille : un adolescent de 16 ans mis en examen pour «l'assassinat» de Socayna

© Anne-Sophie NIVAL / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
  • Copié
avec AFP // Crédit photo : Anne-Sophie NIVAL / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Cinq mois après sa mort d'une balle perdue, le meurtrier présumé de la jeune Socayna a été mis en examen ce vendredi pour "assassinat" et placé en détention provisoire. Il est soupçonné, en tant que passager d'un scooter, d'avoir été l'auteur de la rafale de kalachnikov qui avait touché un point de deal dans une cité des quartiers sud. 

Cinq mois après la mort de Socayna, tuée d'une balle perdue dans sa chambre, victime collatérale des trafics de stupéfiants qui ensanglantent Marseille , son meurtrier présumé, à peine 16 ans, a été mis en examen vendredi pour "assassinat" et placé en détention provisoire. Arrêté lundi avec trois autres personnes, remises en liberté, elles, il est soupçonné en tant que passager d'un scooter d'avoir été l'auteur de la rafale de kalachnikov qui avait arrosé un point de deal dans une cité des quartiers sud de la cité phocéenne.

Le parquet estime avoir des éléments suffisants

"Peu connu" de la justice, l'adolescent n'avait que 15 ans au moment des tirs, le 10 septembre, cité Saint-Thys (10e arrondissement), a précisé le procureur de Marseille, Nicolas Bessone, lors d'une conférence de presse. Bien que le mis en cause nie les faits, le parquet a estimé avoir des éléments suffisants pour le confondre : au domicile de sa compagne, les enquêteurs ont découvert une kalachnikov "avec un chargeur engagé", un pistolet de 9 mm, des munitions de 9 mm ainsi que neuf téléphones.

 

De même, "des éléments de téléphonie ont permis de le situer sur la scène de crime ou en tout cas dans le quartier" et des conversations téléphoniques "le mettant en cause" ont également été interceptées, a détaillé le magistrat. Il a néanmoins précisé que l'expertise de la kalachnikov retrouvée a permis de déterminer que ce n'est pas cette arme qui a été "utilisée lors de cet assassinat". De même, les investigations se poursuivent "pour identifier le conducteur du scooter et les commanditaires" de ce coup de force.

"Dès qu'il y a une volonté d'homicide, c'est un assassinat"

Il a également justifié la poursuite pour "assassinat" de l'auteur présumé des tirs en expliquant que "dès lors que vous avez une volonté d'homicide avec préméditation, c'est un assassinat, même si vous atteignez une personne qui n'a rien à voir avec le trafic et qui n'était pas visée". "Nous sommes dans une affaire de narchomicide puisque les investigations menées sur cet assassinat en bande organisée nous ont mené à déterminer que la personne interpellée (...) est impliquée dans le trafic de stupéfiant de Château-Saint Loup", une cité des quartiers sud assez proche, elle aussi touchée par les trafics de stupéfiants.

L'adolescent avait écopé d'une amende devant le tribunal pour enfants pour avoir été interpellé à l'âge de 14 ans sur un point de deal. Une autre procédure pour refus d'obtempérer, alors qu'il conduisait un "véhicule puissant et qu'il roulait très vite", est toujours en cours, a précisé le procureur. Socayna, étudiante en droit, avait été touchée à la tête le 10 septembre, vers 23h00, par une balle perdue qui avait traversé le contre-plaqué de bois situé en dessous de la fenêtre de sa chambre. Elle se trouvait à son domicile avec sa mère, au 3e étage d'un immeuble situé cité Saint-Thys, dans le sud-est de Marseille.

 

En état de mort cérébrale, elle avait été transférée à l'hôpital où elle était finalement décédée deux jours plus tard. "Ma fille a pris une balle dans la tête dans sa chambre, en pyjama, elle était en train de travailler sur son ordi. Qui peut expliquer ça ?", avait expliqué Layla, sa mère, à l'AFP, peu de temps après le drame. Sa mort avait été un choc pour ce quartier, qui se croyait à l'abri des narchomicides qui gangrènent la deuxième ville de France.

Parmi les 49 morts en 2023, sur fond de trafics de stupéfiants, quatre victimes collatérales avaient été recensées, dont Socayna. Le procureur a cependant précisé qu'"a priori" cette affaire serait "distincte du conflit" qui oppose les gangs Yoda et DZ Mafia, responsables selon les enquêteurs de la grande majorité des meurtres commis à Marseille l'année dernière pour le contrôle du juteux trafic de drogue qui gangrène la deuxième ville de France.