Un petit avion ou un vol commercial... le manque de moyens de la police aux frontières pour renvoyer les OQTF

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Jean-Luc Boujon / Crédits AFP : Jérémie Lusseau / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP , modifié à

Après la découverte du corps de Philippine, 19 ans, dans le bois de Boulogne le 20 septembre dernier, de nombreuses questions concernant la gestion des OQTF remuent la société française. Pourquoi ne sont-elles pas toutes exécutées ? Europe 1 vous apporte les premiers éléments de réponse.

Si seulement 7% des OQTF sont exécutées chaque année en France, c'est à cause du manque de moyens que possèdent les forces de l'ordre. La police aux frontières n'a que deux options pour renvoyer les personnes qui ne sont pas en règle chez elles. D'abord, renvoyer les clandestins dans un seul avion, mais sa capacité est faible. Il y a également l'option des vols commerciaux classiques, mais ce qui ne va pas non plus sans poser un problème. Les options ne sont donc pas nombreuses.

"La personne sait que si elle est violente, si elle blesse un fonctionnaire de police, ce sera judiciarisé"

Le Beachcraft de 20 places. C'est le seul avion dont dispose la police aux frontières pour ramener les personnes sous OQTF dans leur pays. Un petit avion, bruyant et inconfortable, qui en plus ne peut emporter que cinq OQTF, le reste des places étant dédiées aux policiers qui les escortent. Et encore, uniquement pour les trajets en Europe ou au Maghreb. Mais pour les autres destinations plus lointaines, comme l'Afrique subsaharienne par exemple, le réservoir du Beachcraft est trop petit. 

D'où le recours très fréquent aux vols commerciaux. Mais là, le risque, c'est l'esclandre dans l'avion provoqué par la personne sous OQTF, pour éviter le départ, explique Cédric Castes, du syndicat Unité de la Police aux frontières. "La personne sait que si elle est violente, si elle blesse un fonctionnaire de police, ce sera judiciarisé", révèle le policier.

"Donc elle restera en France. Son but premier va d'abord être de se blesser elle-même ou de blesser un de mes collègues. Une fois à bord, si elle voit qu'elle n'en a pas la possibilité, elle va effectivement faire du bruit, ameuter le plus de monde possible dans l'avion et créer le plus gros trouble pour se faire débarquer. Parce que souvent, ils savent que plus ils feront de trouble et plus il y a de grandes chances que le commandant de bord puisse le débarquer pour des raisons de sécurité", continue Cédric Castes. Une technique qui, de l'avis des policiers, est de plus en plus fréquemment conseillée aux OQTF par les associations elles-mêmes.