Prison avec sursis et amende solidaire de 200.000 euros pour deux «pilleurs» du trésor de Lava

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avec AFP
Deux sexagénaires ayant tenté de vendre un inestimable plat en or de l'antiquité romaine provenant du trésor de Lava, découvert en Corse, ont été condamnés mercredi à Marseille à de la prison avec sursis et une amende fiscale solidaire de 200.000 euros.

Deux "pilleurs" ayant tenté de vendre un inestimable plat en or de l'antiquité romaine provenant du trésor de Lava, découvert en Corse, ont été condamnés mercredi à Marseille à de la prison avec sursis et une amende fiscale solidaire de 200.000 euros. Félix Biancamaria, 67 ans, considéré comme l'inventeur du trésor, et son ami et complice présumé, Jean-Michel Richaud, 68 ans, ont été reconnus coupables par le tribunal de "recel" de détournement d'épave et "détention sans document justificatif régulier de biens culturels maritimes" importés en contrebande.

Une pêche aux oursins et des pièces d'or

En l'espèce, un plat en or massif de 25 cm de diamètre, estimé jusqu'à plusieurs millions d'euros, pièce maîtresse connue du trésor de Lava, dont les premières mentions remontent à 1958. Félix Biancamaria, interpellé en octobre 2010 à la gare de Roissy en provenance de Bruxelles, en possession de cette pièce que lui aurait remise Jean-Michel Richaud, a été condamné à 12 mois de prison avec sursis. Son complice a écopé de 8 mois de prison avec sursis. L'amende fiscale de 200.000 euros concerne elle l'infraction douanière.

C'est en pêchant des oursins en 1985 dans le golfe de Lava, au nord d'Ajaccio, que Félix Biancamaria avait découvert les premières pièces en or de ce trésor datant du IIIe siècle, aux effigies des empereurs Gallien, Claude II, Quintille et Aurélien. Il avait déjà été condamné en 1995 dans cette affaire, avec son frère, à 18 mois d'emprisonnement avec sursis et à une amende pour "détournement d'épave maritime".

Un trésor qui appartient intégralement... à l'État

Le tribunal correctionnel de Marseille a estimé que le plat en or, qui proviendrait du même trésor que ces pièces, avait bien été découvert dans un fond marin, dans le courant de l'année 1986, et non en dehors de l'eau. Un paramètre qui permet au tribunal de retenir la qualification de "détournement d'épave au sens juridique, même s'il n'est pas possible de déterminer si le plat provenait de l'échouage ou non d'une épave", a fait valoir la présidente.

S'il avait été avéré que ce trésor se trouvait au départ sur la terre ferme, ce que la défense de Félix Biancamaria avait plaidé, son inventeur aurait eu légalement droit à 50% de sa valeur. Mais comme il a été considéré comme abîmé en mer, depuis un navire, il appartient intégralement à l'État. "L'Etat continue à s'approprier des biens expropriés de manière illégale", a dénoncé auprès de l'AFP Me Amale Kenbib, une des avocates de Félix Biancamaria, indiquant que son client comptait faire appel de cette condamnation.