L'accusé principal au procès des viols de Mazan, Dominique Pelicot, est "hospitalisé", a déclaré son avocate mardi devant la cour criminelle de Vaucluse, alors que son client, malade et absent depuis lundi, devait être interrogé mardi après-midi à 16h. "Il est hospitalisé aujourd'hui même", a affirmé Béatrice Zavarro lors de ce septième jour d'audience où son client devait être entendu pour la première fois. Face à cette annonce, le président de la cour, Roger Arata, a ordonné une expertise médico-légale sur l'accusé et répété qu'il pourrait demander la suspension du procès, "le temps que son état de santé s'améliore".
"Ça n'aurait aucun sens de continuer hors sa présence, parce qu'un procès criminel ne se tient pas hors la présence d'un accusé", a-t-elle ajouté. Lundi matin, Dominique Pelicot, 71 ans, était apparu très diminué en pénétrant dans son box, aidé de sa canne et s'appuyant aussi contre la vitre. Son avocate avait indiqué qu'il souffrait de douleurs intestinales.
Dominique Pelicot de retour mercredi
Dominique Pelicot, principal accusé au procès des viols de Mazan, absent depuis lundi car malade, sera de retour devant la cour criminelle de Vaucluse mercredi et pourra être interrogé, a annoncé le président de la cour mardi après-midi.
"Nous avons un certificat médical établi ce jour" spécifiant qu'il n'y a "pas de contre indication aux gestes de la vie courante et aux transferts" du septuagénaire entre le centre pénitentiaire où il est détenu et le tribunal judiciaire d'Avignon où il est jugé depuis le 2 septembre pour avoir drogué, violé et fait violer par des dizaines d'hommes recrutés sur internet celle qui était alors son épouse, a précisé le magistrat.
Un homme "à double facette"
Le président de la cour avait alors accepté, avec l'accord des parties civiles, que celui-ci soit dispensé d'audience et examiné. Au regret tout de même de la famille de la victime principale, Gisèle Pelicot, qui aurait souhaité que son ex-mari assiste aux analyses des experts, psychologues et psychiatres, qui ont décrit un homme "à double facette", tant dans sa personnalité que dans ses attirances sexuelles. Ses douleurs auraient débuté vendredi, des douleurs "pour lesquelles il n'a pas forcément reçu de soins sur les 48 heures du week-end", a assuré Me Zavarro lors d'une suspension de séance.
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"Il dit depuis toujours qu'il veut être présent et témoigner. C'est indispensable. Pour lui, c'est une chose certaine", a-t-elle précisé. "J'ai entendu ce matin dans la salle d'audience des choses laissant entendre que manifestement son absence serait à dessein. Pas du tout ! Pour qu'on soit très clair, M. Pelicot ne s'est pas dérobé. M. Pelicot ne se dérobera pas. M. Pelicot sera là, il répondra à toutes les questions", a-t-elle expliqué. "Mais il y a cet ennui médical qu'il n'a pas programmé. Je ne pense pas que ce soit un homme robotisé qui puisse programmer son corps et décider des maux qu'il puisse subir", selon elle.
Un risque pour la tenue du procès ?
Le risque plane désormais sur la tenue même du procès, si l'état de santé de Dominique Pelicot ne s'améliorait pas. Une hypothèse que son avocate a réfutée : "l'amplitude d'agenda de quatre mois a été suffisamment large, j'espère, pour pouvoir caler un rattrapage éventuel des séquences qui n'auront pas eu lieu". Les parties civiles ont également indiqué que ce procès ne pouvait se poursuivre qu'en la présence du principal accusé : "C'est également très important pour ses enfants qui n'ont pas encore déposé", a déclaré Stéphane Babonneau.
Pendant dix ans, de juillet 2011 à octobre 2020, Dominique Pelicot est accusé d'avoir violé et fait violer celle qui est désormais son ex-épouse, par des dizaines d'hommes qu'il recrutait sur internet. 50 hommes de 26 à 74 ans sont jugés à ses côtés à Avignon, dont 17 sont détenus, comme Dominique Pelicot.