Le groupe EDF et son ancien patron Henri Proglio, poursuivis pour favoritisme dans une affaire de contrats litigieux avec des consultants entre 2010 et 2016, ont été relaxés lundi à Paris, comme onze de leurs coprévenus. Le tribunal correctionnel a estimé que "l'intention délictueuse" de l'ex-PDG n'était pas démontrée. "Je suis enfin reconnu innocent de cette espèce de déballage malsain qui m'a sali pendant des années", a déclaré Henri Proglio en sortant de la salle d'audience.
44 contrats conclus de gré à gré
Celui qui a dirigé l'énergéticien entre 2009 et 2014 a dû s'expliquer à la barre en mai et juin sur 44 contrats de consultants conclus avec des communicants, ex-dirigeants d'entreprises, magistrats, avocats ou journalistes, pour des missions de "lobbying", "renseignement", "conseil stratégique", "communication" ou "gestion des risques", auprès de la direction d'EDF. Pour l'accusation, ces contrats rémunérés chacun de 40.000 à quatre millions d'euros sur plusieurs années, n'auraient pas dû être conclus de gré à gré mais faire l'objet d'une mise en concurrence.
Le parquet national financier avait requis deux ans de prison avec sursis et 200.000 euros d'amende contre Henri Proglio, 75 ans, ainsi qu'un million d'euros d'amende contre EDF, poursuivie en tant que personne morale. Au cœur de cette affaire se trouve une note de 2010, rédigée sur instruction du PDG, qui cadrait le processus de recrutement des consultants.
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Pas de "preuve" d'une "véritable intention délictueuse"
Pour le tribunal, "la preuve n'a pas été rapportée" que cette note "procédait d'une véritable intention délictueuse". "Il ne saurait être à bon droit reproché à Henri Proglio et à son secrétaire général d'avoir consciemment instauré et mis en œuvre une procédure contraire" aux règles des marchés publics, a déclaré le président Benjamin Blanchet. En conséquence, les onze consultants poursuivis aux côtés d'EDF et d'Henri Proglio pour recel de favoritisme ont aussi été relaxés. Parmi eux figuraient notamment l'ancien dirigeant de Gaz de France et de la SNCF, Loïk Le Floch-Prigent, le criminologue Alain Bauer, le journaliste Jean de Belot et la société de conseil de l'ex-PDG de Vivendi, Jean-Marie Messier.