Le tribunal de Pontoise a condamné mercredi cinq hommes à dix-huit mois de prison, dont douze avec sursis, pour avoir eu recours en novembre 2023 à la prostitution d'une jeune fille de 12 ans dans le Val-d'Oise.
Alors que les clients de prostituées ne sont généralement passibles que d'une contravention, six prévenus de 24 à 36 ans, issus de tous milieux et au casier judiciaire généralement vierge, comparaissaient devant le tribunal correctionnel en raison de la minorité de la victime, un cas "rare" de poursuites contre des clients selon une association spécialisée. Le parquet avait requis à leur encontre jusqu'à douze mois de prison ferme. Le sixième prévenu a été relaxé.
Sur les neuf clients captés par la vidéosurveillance, seuls deux ont fait demi-tour
Alertés mi-novembre 2023 par un client ayant rebroussé chemin face à une prostituée "à la minorité manifeste" officiant dans des hôtels d'Herblay, les policiers sont remontés jusqu'à six des hommes qui se sont rendus, sur deux soirées distinctes, dans la chambre de cette fille de "douze ans, presque treize". Piteux à la barre, les mis en cause racontent avoir répondu à une annonce prostitutionnelle en ligne tout en ayant ignoré la minorité de la jeune fille, en fugue, sous la coupe de proxénètes - qui ont été condamnés en mars.
>> LIRE AUSSI - Proxénétisme des mineurs : comment le phénomène explose à Paris
"Quand j'ai vu la présentation de la dame, il faisait sombre, les lumières étaient tamisées, elle était maquillée. Ça ne m'a jamais traversé l'esprit", assure un mécanicien automobile de 25 ans, qui a passé huit minutes dans la chambre d'après la vidéosurveillance. Un ambulancier de 32 ans, dix-huit minutes à l'intérieur, se dit même "choqué" : "Je suis déçu pour elle qu'elle soit tombée dans ce pétrin-là. Je n'aurais pas aimé que ma fille de 13 ans se prostitue".
Projetées sur les écrans du tribunal, des photos de la victime prises par les policiers ou issues de la vidéosurveillance, où on la voit traînante en pyjama Minnie rouge à pois blancs quelques heures avant l'arrivée des clients, montrent clairement sa jeunesse. La défense leur oppose l'annonce internet promettant une femme majeure de 19 ou 23 ans. Seul un commercial de 35 ans concède des interrogations sur l'âge de la prostituée, une fois sur place.
"Je me suis dit elle avait 17-18 ans, ou 16 ans (...) J'ai commencé à rouler un joint, j'ai parlé un peu avec elle. Au bout de quinze minutes, j'ai décidé de ne rien faire. Je lui ai passé 50 euros et je suis parti", explique ce prévenu, le seul à avoir été relaxé. Partie civile dans le dossier, l'association Agir contre la prostitution des enfants estime que 20.000 mineurs se prostituent en France. Sur les neuf clients captés par la vidéosurveillance entrant dans la chambre, seuls deux ont fait demi-tour.