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Stéphane Burgatt avec AFP // Crédit photo : Christophe SIMON / AFP , modifié à
Le principal accusé des viols de Mazan, Dominique Pelicot, sera en principe de retour mardi, après une semaine d'absence, devant la cour criminelle de Vaucluse à Avignon. Le septuagénaire serait amoindri physiquement, mais les médecins le jugent en état de comparaître.

Physiquement amoindri mais en état de comparaître selon les médecins, le principal accusé des viols de Mazan, Dominique Pelicot, sera en principe de retour mardi, après une semaine d'absence, devant la cour criminelle de Vaucluse à Avignon, où sa parole est très attendue. Accusé d'avoir drogué sa femme pour la violer et la faire violer par des dizaines d'hommes, dont cinquante sont également jugés dans cette affaire, Dominique Pelicot, 71 ans, souffre d'un "calcul rénal, d'une infection rénale et d'un problème au niveau de la prostate", avait indiqué lundi matin le président de la cour, Roger Arata.

Les parties civiles "espèrent que le procès pourra désormais se poursuivre normalement"

Dans la soirée, une expertise médicale a toutefois conclu qu'il était en état de comparaître, éloignant, pour le moment, le scénario craint par les victimes d'un report de plusieurs semaines, voire plusieurs mois de ce procès emblématique des violences sexuelles et de la soumission chimique. "On a reçu un message du président faisant valoir que Dominique Pelicot sera présent à l'audience demain avec des conditions particulières d'adaptation, à savoir : séquençage des auditions et temps de repos régulier", a expliqué à l'AFP Béatrice Zavarro, l'avocate de Dominique Pelicot.

Insistant sur la réalité des récents ennuis de santé de son client, et déplorant une prise en charge médicale tardive qui a inutilement perturbé le déroulement d'un procès au retentissement international, Me Zavarro a souligné qu'il ne s'agissait en aucun cas pour Dominique Pelicot d'une manière de se dérober. Les parties civiles "prennent acte" de la reprise de l'audience mardi et "espèrent que le procès pourra désormais se poursuivre normalement et que l'accusé principal fera l'objet d'un accompagnement médical renforcé afin d'éviter que l'incertitude dans laquelle nos clients ont été placés depuis une semaine se reproduise", a déclaré à l'AFP Me Stéphane Babonneau, l'un de leurs avocats.

"Est-ce que le président commencera par lui ou commencera par Madame et ses enfants ? Je n'en ai aucune idée. Mais en tout cas, il sera là", a pour sa part expliqué Béatrice Zavarro. Roger Arata avait effectivement indiqué avant la pause du weekend qu'il procéderait en priorité à la suite de l'audition de son ex-épouse et principale victime, Gisèle Pelicot, et à celles des "parties civiles laissées en suspens", dont les deux fils du couple, David et Florian, le gendre, Pierre P., et le frère de l'accusé, Joël Pelicot.

Un "Combat" à mener

Mais Florian et David, qui vivent en région parisienne, ont quitté Avignon, ce qui rend plausible une audition de leur père dès mardi. Dominique Pelicot, qui documentait tous les viols dans des dossiers classés sur son ordinateur, a reconnu les faits, commis entre 2011 et 2020, mais il ne s'est encore jamais expliqué en détail depuis l'ouverture du procès le 2 septembre. Son témoignage est aussi crucial pour le cas des autres hommes, âgés de 26 à 74 ans, jugés à ses côtés. La cour devrait dans les prochains jours poursuivre l'examen, déjà entamé, de quatre d'entre eux : Jean-Pierre M., 63 ans, Jacques C., 72 ans, Lionel R., 44 ans, et Cyrille D., 54 ans.

Si certains des accusés ont reconnu avoir été préalablement informés que Dominique Pelicot administrait de puissants anxiolytiques à son épouse, à son insu, pour la rendre inconsciente, d'autres soutiennent avoir seulement cru participer au scénario d'un couple libertin, niant qu'il s'agissait de viols. Les faits visant Joël Pelicot avaient éclaté au grand jour après son interpellation en septembre 2020 en train de filmer sous les jupes de trois femmes dans un centre commercial de Carpentras, dans le sud-est de la France.

En fouillant dans son ordinateur, les enquêteurs avaient alors découvert une décennie de viols perpétrés sur celle qui était alors son épouse, principalement au domicile conjugal à Mazan (Vaucluse). Gisèle Pelicot, qui a refusé que ce dossier soit jugé à huis clos, a remercié lundi à Avignon les quelque 10.000 manifestants qui ont défilé à travers la France samedi, brandissant son visage stylisé, pour la soutenir. "Grâce à vous tous, j'ai la force de mener ce combat jusqu'au bout".