L’INFO. Par définition, elle ne repose sur rien de tangible, mais cette rumeur-là fait sérieusement parler d'elle dans certaines écoles à Meaux, en Seine-et-Marne, ou à Montbéliard, dans le Doubs, le 24 janvier dernier. Des SMS, échangés entre parents, font circuler l’idée que la théorie du genre serait enseignée à l’école, le tout grâce à des cours enseignés par des homosexuels déguisés et des formations à la masturbation. Vincent Peillon, le ministre de l'Education nationale, dément fermement.
Une traînée de poudre. Dans un premier temps échangée par SMS, la rumeur parcourt rapidement Internet. Des parents et des enseignants échangent sur le sujet dès le 22 janvier. Sur un forum, l’un d’eux, explique avoir reçu un SMS expliquant que la théorie du genre va être enseignée à l’école.
Dans la commune de Meaux, en Seine-et-Marne, d’autres expliquent que ce sont des “intervenants homos ou lesbiennes qui viendront leur bourrer la tête d’idées monstrueuses” rapporte le Parisien.
Europe 1 a également reçu une version de l’un de ces SMS
@Europe1 j'ai moi-même reçu ce SMS. Démoralisant. #E1matinpic.twitter.com/8O5GOsq0db— Emeline D'Anna (@Sh0upette) 28 Janvier 2014
Concrètement, on fait croire aux familles à l’enseignement de la théorie du genre à l’école. Des réflexions qui auraient pour objectif de faire disparaître les différences entre garçons et filles. Pire, on évoque parfois l’initiation à la masturbation et la présence d’intervenants homosexuels ou travestis.
Une proche d’Alain Soral. Derrière cette manipulation, un collectif, “Journée de Retrait de l’Ecole”, entend protester contre les idées inculquées aux enfants. A sa tête, Farida Belghoul, une figure des mouvements anti-racistes des années 80, également proche du polémiste Alain Soral, qui inspire Dieudonné.
Au coeur des critiques de JRE : la mise en place de l’ABCD de l’égalité par le gouvernement. Censé réduire les inégalités entre hommes et femmes dès le plus jeune âge, le programme enseigne aux enfants à respecter l’autre sexe dans des apprentissages “doux”, comme le simple fait d’expliquer que Juliette peut-être pompier et Arnaud infirmier.
Le collectif appelle les parents à retirer leurs enfants de l’école une fois par mois. Il dispose déjà d’un très bon maillage territorial, en témoigne le nombre de correspondants indiqués sur leur site.
Un certain public visé. Dans les écoles qui ont été touchées par la vague de boycott, ce sont souvent les publics musulmans qui ont été concernés. A Meaux, 20% des enfants étaient absents lundi, tous des musulmans, rapporte le Parisien.
Une information confirmée par les déclarations de Paul Raoult, le président de l’association de parents d’élèves FCPE. “Ce qui est malhonnête, c’est que ça vise des populations qui ont du mal à avoir l’information. J’ai vu des tracts traduits en turc pour faire peur aux gens, explique-t-il à Europe 1. C’est fait pour des personnes qui ne savent peut-être pas lire en français. Il ne peuvent donc pas avoir la véritable information”.
Démenti ferme de Peillon. En réaction à l'information, Vincent Peillon, le ministre de l'Education, a affirmé ne pas avoir introduit la théorie du genre à l'école. "Tout cela est absolument faux, il faut cesser", a-t-il insisté au micro d'Europe 1. "Il y a un certain nombre de parents qui ont été inquiets et qui se sont laissés prendre par cette rumeur complètement mensongère. Il n'y a pas de théorie du genre enseignée à l'école. Je veux rassurer les parents : ne vous inquiétez pas, c'est une éducation à l'égalité fille-garçon et rien de plus", a-t-il ajouté.
ACTU - Bientôt davatange de classes réservées aux élèves décrocheurs
PISTES - Education prioritaire : Peillon veut des moyens pour les ZEP
RAPPORT - Les inégalités sociales, c'est dès la crèche
INTERVIEW - Peillon : "nous avons rattrapé 23.000 décrocheurs"