2017, l'année du second souffle pour Nicole Kidman ?

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Guillaume Perrodeau , modifié à
L'actrice australo-américaine est au Festival de Cannes avec quatre projets. Celle qui semblait décliner professionnellement ces dernières années pourrait bien faire son grand retour sur le devant de la scène.

Nicole Kidman est au Festival de Cannes. Non pas pour une, ni deux, mais quatre œuvres. Deux films en compétition (Les Proies de Sofia Coppola et Mise à mort du cerf sacré de Yorgos Lanthimos), un long-métrage hors-compétition (How to Talk to Girls at Parties de John Cameron Mitchell) et la série Top of the Lake de Jane Campion en sélection officielle. Quelques mois après la remarquée série Big Little Lies, la comédienne australo-américaine semble donc confirmer que 2017 pourrait être son année, elle qui semblait en phase descendante depuis quelques temps. Europe 1 revient sur la trajectoire de celle qui compte maintenant près de trente ans de carrière.

1990, sa décennie. À la fin des années 1980, une jeune femme de 22 ans se révèle sur grand écran. Silhouette longiligne et longs cheveux bouclés qui tombent sur ses épaules, Nicole Kidman se fait remarquer grâce à deux rôles dans Calme blanc (1989) et Jours de tonnerre (1990). Le début d'une longue ascension qui atteint une première apogée en 1995 grâce à Prête à tout de Gus Van Sant. Elle y incarne une femme, sorte de poupée psychopathe, qui veut à tout prix devenir célèbre. Ce rôle lui vaut une première reconnaissance et elle remporte le Golden Globe de la meilleure actrice.

Dès lors, il ne fait plus de doute qu'une grande actrice est née. À l'époque, Nicole Kidman est d'autant plus exposée qu'elle est mariée à Tom Cruise, depuis 1990. Ensemble, ils forment le couple le plus glamour d'Hollywood et leur relation est d'autant plus remarquée qu'ils n'hésiteront pas à la porter à l'écran, dans Jours de tonnerre (1990), Horizons lointains (1995) et Eyes Wide Shut (1999) de Stanley Kubrick.

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Tom Cruise et Nicole Kidman, en 1999 (AFP)

Eyes Wide Shut raconte les difficultés rencontrées par un couple, Bill Harford (Tom Cruise) et Alice Harford (Nicole Kidman), avec des scènes particulièrement intimes, évoquant la fidélité et le mensonge. Cet effet-miroir entre fiction et vie privée ne fait qu’accroître la portée mystique du long-métrage. Le film parfait définitivement l'aura d'un couple de cinéma à qui tout semble réussir à l'aube des années 2000.

Ce que l'on ne sait pas encore à l'époque, c'est que Tom Cruise et Nicole Kidman, tout comme leurs personnages, traversaient également des difficultés en privée. Les liens de l'acteur avec l'Eglise de la scientologie posent des problèmes sur leur vie de couple. Des difficultés qui sont nées avant le film et se poursuivront pendant le tournage, particulièrement long et épuisantEn 2001, le couple finit par se divorcer. 

Une actrice qui s'essaye à tout. Loin de mener une carrière routinière enchaînant les mêmes rôles, Nicole Kidman n'a pas cessé de camper des rôles divers, variés et risqués. Alexandre Vuillaume-Tylski, auteur d'une monographie sur l'actrice (Anatomie d'un acteur : Nicole Kidman) évoque les forces de cette comédienne pour qui tout a semblé réussir dans les années 1990. "Ce qui la caractérise, c'est son côté double : ce maintien distingué et ce côté sauvage. Elle a joué des femmes qui, comme le personnage de Shéhérazade, doivent jouer, inventer, pour survivre. Ce 'double-jeu' permanent, dans ses rôles, lui confère de la profondeur", détaille le maître de conférences à l'Ecole Supérieure d'AudioVisuel.

La comédienne se caractérise ainsi par des choix de carrière forts, alternant petites productions, blockbusters et films d'auteur. "Elle est sans doute celle qui a le plus pratiqué ces allers-retours depuis les années 1990", estime le spécialiste. Lars Von Trier, Jane Campion, Gus Van Sant, Alejandro Amenábar, Baz Luhrmann, Lee Daniels, Olivier Dahan ou encore Stanley Kubrick : il suffit d’égrainer les noms des réalisateurs avec lesquels elle a tourné pour constater que Nicole Kidman semble s'être essayée à tout. "Les films et rôles de Nicole Kidman constituent un vrai terrain d'étude esthétique. C'est une énigme de longévité et d'audace", estime Alexandre Vuillaume-Tylski.

En 2002, l'Oscar de la meilleure actrice pour son rôle de Virginia Woolf dans The Hours vient ainsi récompenser une comédienne considérée comme l'une des meilleures de sa génération.

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Un retour sur le devant de la scène ? Nicole Kidman ne s'est jamais accordé de réelle pause depuis ses débuts. Pourtant, depuis le milieu des années 2000, une impression prédomine. Le sentiment que l'actrice n'occupe plus vraiment le devant de la scène. "Elle n'a pas cessé d'expérimenter. Elle a énormément tourné, surtout ces trois dernières années, il suffit de regarder sa filmographie", tempère de son côté Alexandre Vuillaume-Tylski.

Mais alors pourquoi cette sensation partagée par la presse qui ne cesse de parler de "retour" ou de "renaissance" pour commenter la quadruple présence de l'actrice au Festival de Cannes 2017 ? Sans doute, parce que la comédienne n'a pas toujours fait les bons choix depuis son Oscar, en apparaissant dans des films souvent rejetés par la critique, soit par le public, ou par les deux, comme Ma sorcière bien-aimée (2005), Australia (2008), Nine (2009), Effraction (2011), ou encore Grace de Monaco (2014).

Parallèlement à cette trajectoire descendante, d'autres actrices ont émergé et confirmé. Jessica Chastain, Scarlett Johansson, Jennifer Lawrence ou encore Emma Stone ont peu à peu pris cette place que Nicole Kidman délaissait involontairement. L'année 2017 lui donnera-t-elle un second souffle ? La comédienne a en tout cas le mérite de rester fidèle à elle-même. Dans les trois films présentés au Festival de Cannes, elle joue tantôt une responsable d'un pensionnat pour jeune fille au XIXe siècle, tantôt une punk dans How to Talk to Girls at Parties, et enfin l'épouse d'un ophtalmologue dans l'inquiétant Mise à mort du cerf sacré. La polyvalence comme étendard.