Le philosophe Alain Finkielkraut est en lice pour le fauteuil 21 de l’Académie française. Or sa candidature est mal perçue par un certain nombre d’académiciens, qui redoutent son arrivée sous la coupole, au fauteuil de Félicien Marceau, décédé en 2012. A 64 ans, Alain Finkielkraut, pourfendeur du politiquement correct et critique de la modernité, continue de déchaîner les passions. Admiré par les uns, il est vu comme un réactionnaire par les autres. Le scrutin, qui aura lieu jeudi, et qui départagera six candidats au total, s’annonce donc houleux.
Des textos anti-Finkielkraut. C'est sous la forme de textos que les adversaires du philosophe à l’Académie, sans se dévoiler publiquement, appellent à voter contre lui et dénoncent ses positions "droitières". Ceux qui lui en veulent parlent même de "dérive à la droite de la droite". "C'est le Front National qui entre sous la coupole", lance un Académicien. Si les mécontents refusent de s'exprimer au micro, ils expliquent qu'il y a maintenant deux camps : ceux qui pensent que l'Académie doit rester un lieu de consensus, et les autres, qui estiment que toutes les opinions doivent être représentées. Un penseur "réac' " comme disent certains, "ça mettra un peu de piment dans les débats". Et puis, confie un Académicien, "c'est l'occasion de nous faire un peu de publicité".
Un livre qui avait fait des vagues. Alain Finkielkraut est l’auteur du livre L'identité malheureuse, publié chez Stock en 2013. Un ouvrage aussi remarqué que critiqué sur l'identité nationale et l'immigration. Alors ministre de l'Intérieur, Manuel Valls s'était opposé au philosophe sur la question de l'intégration dans l’émission "Des paroles et des actes" sur France 2.
"Mes buts ne sont pas politiques," c’est ce qu’assure aujourd’hui le philosophe, auteur de plusieurs livres, dont les principaux sont Internet, l'inquiétante extase, paru en 2001, La Querelle de l'école en 2007, ou encore Et si l'amour durait publié en 2011. "J'écris pour dévoiler ce qui m'apparaît comme une certaine vérité. Les nuances ne peuvent pas être l'alibi pour noyer le poisson."
Finkielkrautconserve pourtant des soutiens. "Si Finkielkraut n'est pas élu jeudi, je ne mettrai plus les pieds à l'Académie", a annoncé Jean d'Ormesson selon Le Figaro. Le journal cite parmi les partisans du philosophe Pierre Nora, Max Gallo ou encore Hélène Carrère d'Encausse, secrétaire perpétuel de l'institution fondée en 1635 par Richelieu. Mais ces soutiens d'académiciens avant une élection posent eux-mêmes "un problème juridique, cela est contraire aux statuts de l'Académie", s'étonnent des Immortels. "Il y en a assez des élections pliées d'avance !", avancent même quelques-uns, toujours sous couvert d'anonymat.
Le penseur, piqué au vif, "sait très bien qui a fait campagne contre lui", dit-il. Il maintient sa candidature, a-t-il affirmé au micro d'Europe 1 mais "s'il est élu", promet-il, "il y a plusieurs personnes à qui il ne parlera plus."