L'écrivain franco-libanais Amin Maalouf a été élu jeudi à l'Académie française, au premier tour, pour succéder à l'anthropologue Claude Lévi-Strauss, décédé en octobre 2009, a annoncé l'Académie. Prix Goncourt en 1993 pour "Le Rocher de Tanios", Amin Maalouf a été élu au premier tour de scrutin avec 17 voix sur 24 votants, contre trois voix au philosophe Yves Michaud, deux bulletins blancs et deux bulletins blancs marqués d'une croix (signifiant un vote d'opposition).
Identités et dialogue entre les civilisations
Né le 25 février 1949 à Beyrouth, dans une famille chrétienne, Amin Maalouf, qui parle arabe et français, a consacré son oeuvre au rapprochement des civilisations. Journaliste au principal quotidien de Beyrouth An-Nahar, il est contraint à l'exil en France en 1976 alors que son pays est ravagé par la guerre civile. Les thèmes de l'exil et de l'identité occupent une large place dans ses essais, parmi lesquels "Les identités meurtrières", publié en 1989, ou "Le dérèglement du monde", paru en 2009.
Il publie son premier livre en 1983, "Les croisades vues par les Arabes", un ouvrage historique. Mais c'est son roman "Léon l'Africain" qui le fait connaître du grand public en 1986. Il décide alors de se consacrer à la littérature. Candidat une première fois Quai Conti en 2004, il n'obtient alors que dix voix et surtout seize bulletins marqués d'une croix, signe d'un refus catégorique.
En 2007, postulant au fauteuil de Jean-François Revel, il déclare finalement forfait. Son soutien au "Manifeste pour une littérature-monde", proclamant la mort de la francophonie, froisse l'Académie. Il préfère se retirer. Prix Prince des Asturies en 2010, Amin Maalouf a également présidé le jury du prix Livre Inter cette année. Les immortels procèderont ces prochains mois à d'autres élections après les décès de la grande helléniste Jacqueline de Romilly, le 19 décembre 2010, à l'âge de 97 ans, et de l'écrivain Jean Dutourd, mort le 18 janvier 2011, à 91 ans.