C'est la première polémique de l'édition 2012. Fustigé vendredi pour l'absence de réalisatrices dans la compétition, le responsable de la sélection Thierry Frémaux a refusé d'intégrer toute notion de discrimination positive envers les femmes.
22 films, 22 réalisateurs
Tout est parti d'une tribune, publiée à l'initiative du collectif La Barbe dans le journal Le Monde daté de samedi. Intitulé A Cannes, les femmes montrent leurs bobines, les hommes leurs films, le texte dénonce une sélection "exclusivement masculine de films en compétition". "Les vingt-deux films de la sélection officielle ont été réalisés, heureux hasard, par vingt-deux hommes". Aucune réalisatrice n'est donc en lice pour la Palme d'Or, contre quatre l'an dernier.
Parmi les signataires de cette tribune, de grands noms du cinéma comme la réalisatrice Coline Serreau, la romancière et réalisatrice Virginie Despentes et la comédienne Fanny Cottençon. Avec humour, les signataires déplorent la place laissée aux femmes, cantonnées "en vitrine" comme maîtresse de cérémonie, à l'image de Bérénice Bejo cette année, mais encore sur "papier glacé" comme "icônes troublantes" célébrées pour "leur beauté, grâce ou légèreté", à l'image de Marilyn Monroe, affiche du Festival.
"Surtout, ne pas laisser penser aux jeunes filles qu'elles pourraient avoir un jour l'outrecuidance de réaliser des films et gravir les marches du Palais autrement qu'au bras d'un prince charmant", conclut le texte.
Pas de "politique de quotas"
La réponse de Thierry Frémaux ne s'est pas faite attendre. Le Festival de Cannes ne sélectionnera "jamais un film qui ne le mérite pas simplement parce qu'il est réalisé par une femme", a rétorqué le délégué-général du festival, chargé du choix des films en sélection officielle. "Cela mènerait à une politique de quotas", a-t-il déclaré après
Pour le responsable de la sélection, si le problème est bien réel, "nul doute que la place faite aux femmes doit être augmentée" dans le cinéma. Mais "ce n'est pas à Cannes, ni au mois de mai, qu'il faut poser le problème, c'est toute l'année". Par conséquent, "accuser le Festival ne sert strictement à rien", conclut-il.
Jane Campion, seule Palme d'or
En 2011, si la Française Maïwenn n'a pas reçu la Palme d'or, la réalisatrice a reçu le Grand Prix. A ce jour, la Néo-Zélandaise Jane Campion est l'unique Palme d'or féminine avec La Leçon de Piano en 1993.