Le Festival de Cannes ne lâche pas Jafar Panahi. In Film Nist _Ceci n'est pas un film_ le dernier métrage du réalisateur iranien ouvertement hostile au régime de Téhéran, a été intégré in extremis samedi à la sélection officielle du Festival. Réalisé avec Mojtaba Mirtahsmab, In Film Nist sera présenté le 20 mai en Séance spéciale. Il ne fait donc pas partie de la compétition qui compte 20 films.
Réalisés dans "des conditions semi-clandestines"
C’est une surprise : le cinéaste iranien a été condamné en décembre 2010 à six ans de prison et il lui est interdit de réaliser des films ou de quitter le pays pendant vingt ans. Le film aurait d’ailleurs était "réalisé dans des conditions semi-clandestines" selon le communiqué des organisateurs. Il ne serait parvenu au Festival que "ces derniers jours".
Invité à Cannes l’an dernier, en tant que membre du jury du 63ème Festival, le réalisateur iranien en avait été le grand absent. Considéré avec son mentor _Abbas Kiarostami_ comme l’un des maîtres de la Nouvelle vague iranienne, Jafar Panahi était alors détenu dans la tristement célèbre prison d'Evin à Téhéran. Depuis, après une grève de la faim, le cinéaste a fait appel de sa condamnation. A 50 ans, il attend désormais la décision de la justice assigné à résidence, chez lui, à Téhéran.
C’est toute l’histoire de In Film Nist présenté par les organisateurs comme "un journal de bord" qui "raconte comment, depuis des mois, Jafar Panahi est en attente du verdict de la cour d'appel". Ce ne sera pas le premier film de Jafar Panahi présenté à Cannes. Le réalisateur y a déjà été primé à deux reprises. Le ballon blanc avait reçu le Prix de la Caméra d'or en 1995 tandis que Or pourpre s'était vu décerné le Prix du Jury Un Certain Regard en 2000.
"Un acte de courage"
Bé Omid é Didar _Au revoir_ le film d'un autre réalisateur iranien, Mohammad Rasoulof, lui aussi condamné à six ans de prison, a été sélectionné pour Un Certain Regard. Il sera présenté le 13 mai.
Le président du festival de Cannes Gilles Jacob, et le directeur artistique Thierry Frémaux voient dans ces deux films iraniens "un acte de courage en même temps qu'un merveilleux message artistique".
"Le fait d'être en vie et le rêve de garder le cinéma iranien intact nous encourage à dépasser les restrictions actuelles qui nous sont faites", déclarait début mai Jafar Panahi dans un message adressé au Festival. Comme l’an passé, un siège vide à l’orchestre du Théâtre Croisette symbolisera son absence tout au long du 64ème festival.