Son dernier projet, avec Gérard Depardieu à l’affiche, ne se fera sans doute jamais. Ettore Scola a annoncé lundi qu’il mettait fin à sa carrière de cinéaste. "Je ne veux pas devenir une de ces vieilles dames qui mettent des talons aiguille et du rouge à lèvres pour rester avec les jeunes", explique dans un entretien au quotidien Il Tempo le grand réalisateur italien, âgé de 80 ans.
Cette lassitude, c’est surtout par rapport à ce qu’est devenu le cinéma qu’Ettore Scola l’a éprouvée. "Je ne réussis plus à vivre le monde du cinéma comme autrefois, avec joie et légèreté. Il y a des logiques de production et de distribution qui ne me ressemblent plus", assure-t-il. "Aujourd'hui, c'est seulement le marché qui procède aux choix. Avant aussi il était important, mais il y avait de plus grands espaces d'autonomie. Les producteurs étaient aussi prêts à risquer et à expérimenter. Manifestement, la crise économique a aggravé la situation", regrette-t-il.
Au cours de son immense carrière, Ettore Scola a réalisé plusieurs chefs d’oeuvre. Il part donc avec le sentiment du devoir accompli. "Etant donné mon âge, j'ai fait ce que je devais. Je n'ai pas de regrets. J'ai toujours travaillé avec une grande liberté. A un certain stade, il vaut mieux prendre sa retraite", conclut-il. Europe1.fr a sélectionné les trois films les plus marquants du grand cinéaste.
Nous nous sommes tant aimés (1974)
C’est avec ce film qu’Ettore Scola rencontre le succès et gagne une renommée internationale. L’oeuvre relate trente ans d’amitié, mais aussi de séparation, de trois amis liés par leur expérience dans la résistance au fascisme. L’oeuvre, dédiée au réalisateur Vittorio de Sica, qui y fait une courte apparition, remporter plusieurs récompenses, dont le César du meilleur film étranger en 1977.
Affreux, sales et méchants (1976)
Le film narre les aventures d’une famille (très) nombreuse dans un bidonville de Rome, dans les années 1960. Giacinto, le patriarche tyrannique, à la tête d’un petit pactole après avoir perdu un œil, s’amourache d’une prostituée, au grand dam de sa femme, qui organise, avec le reste du clan, son assassinat. Très controversée à sa sortie, en raison de la causticité de son humour, l’oeuvre, tournée essentiellement avec des comédiens amateurs, remporte le prix de la mise en scène en 1976 à Cannes.
Une journée particulière (1977)
Peut-être le plus grand chef d’œuvre du maître. Sur fond de discours de Mussolini, en mai 1938, Sophia Loren et Marcello Mastroianni s’affrontent puis se comprennent dans un face-à-face grandiose. D’autant que les deux stars italiennes sont utilisées à contre-emploi. Elle joue une ménagère vieille avant l’âge, quand le séducteur Mastroianni campe un intellectuel homosexuel malmené par le régime fasciste.