En équilibre, sur les écrans le 15 avril prochain avec Europe 1, est l'histoire d'une rencontre, d'une reconstruction même. Marc, ex-cascadeur équestre, a subi un grave accident qui l'a laissé paralysé. Florence, employée d'une compagnie d'assurance, s'occupe de son dossier. Elle-même s'est peu à peu enfermée dans une vie sans passion. Leur rencontre va initier une sorte de renaissance. Le film est inspiré d'un livre, Sur mes quatre jambes, de Bernard Sachsé. L'auteur a d'ailleurs été le conseiller technique et artistique "chevaux" du film. L'accident qu'il a vécu est au cœur du film, porté par Albert Dupontel et Cécile de France.
L'actrice était l'invitée de Wendy Bouchard mercredi sur Europe 1 :
>> Comment Denis Dercourt, le réalisateur du film, est-il parvenu à évoquer la tragédie dans ce qu'elle a de positif ? Europe 1 lui a posé la question.
La peur de l'accident. "Quand on lit la biographie de Bernard Sachsé il y a évidemment un avant et un après l'accident", explique le réalisateur Denis Dercourt, "musicien de formation". Lui le sait pour l'avoir éprouvé : "Les musiciens vivent avec la peur de l'accident. Si jamais on a le moindre accident, ce sont des années de travail qui tombent à l'eau et il faut changer de métier." C'est ce qui arrive au héros du film, qui va devoir trouver une autre raison de vivre.
Un accident grave mais pas spectaculaire. Comment évoquer cet accident, au centre du film ? "Ce n'est pas si facile", confie Denis Dercourt à Europe 1. Fallait-il ou non le montrer, le réalisateur s'est posé la question. "Il y a une chose qui était très forte dans le livre, c'est que cet accident n'a pas été spectaculaire. Et moi j'ai essayé de garder cet aspect-là de la tragédie. Bernard Sachsé est simplement resté un peu plus longtemps à terre, le cheval a glissé et lui a marché dessus." Le résultat ? "Une vie fracassée en quelques instants", mais le tout s'est passé très vite, très simplement, alors que Bernard Sachsé venait d'effectuer une cascade paradoxalement très risquée." Le film amène le tragique de cette vie brisée avec finesse. Le parti pris est sobre, à la fois par le montage, mais aussi par le jeu intériorisé des acteurs. Cette sobriété permet la beauté de leur rencontre, qui devient, elle, (extra)ordinaire.
Albert Dupontel a "compris la colère" de son personnage. Le duo d'acteurs dans le film fonctionne très bien. Tous deux n'en font pas trop. Cécile de France, très juste, touchante, construit finement le bouleversement psychologique de son personnage. Albert Dupontel, lui, a tout de suite accepté le rôle. L'acteur s'est en effet senti "très proche du personnage", selon le réalisateur. Le comédien connaît très bien son corps, grâce, notamment, à des études de médecine. Albert Dupontel connaît aussi l'accident. "Il a lui-même failli être handicapé quand il était jeune", raconte encore le réalisateur, ce qui lui a permis de tout de suite "comprendre la colère" de son personnage. L'une des scènes forte du film montre Marc, planté devant Florence dans son fauteuil qui lui dit : 'On fait ce qu'on veut dans la vie'. "Il y a des rencontres qui, vraiment, changent la vie, dans le bon sens du terme", conclut Denis Dercourt.