Les détracteurs d'Exhibit B, l'exposition de l'artiste sud-africain Brett Bailey, ont franchi une nouvelle étape. Après des manifestations dans la rue, devant le théâtre Gérard Philippe de Saint Denis la semaine dernière, et devant le Cenquatre qui présente le spectacle performance jusqu'au 14 décembre prochain, les manifestants placent désormais la contestation sur le terrain judiciaire. Un collectif d'artistes a annoncé lundi le dépôt d'un référé contre l'exposition.
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Exhibit B, c'est quoi ? L'artiste Brett Bailey, né au Cap sous l'apartheid, a conçu douze tableaux vivants dans lesquels des comédiens noirs prennent la place des anciens "indigènes" de l'époque coloniale. L'artiste propose ainsi une plongée dans l'histoire coloniale.
Une pétition en ligne. Cette exposition anticoloniale est pourtant taxée de raciste par un collectif. En France, c'est même un militant antiraciste, John Mullen, qui est à l'origine de la pétition sur Internet, adressée "au 104, à la direction du Théâtre Gérard Philipe à Saint Denis et aux maires de Paris et de Saint Denis." Les quelque 20.400 signataires exigent la déprogrammation de l'exposition. Sur le site, on trouve aussi un appel à contributions. "Nous avons décidé de demander aux tribunaux d'annuler Exhibit B et nous voulons engager un avocat. Nous avons besoin d'un modeste soutien financier de votre part", expliquent les organisateurs.
L'action en justice. "Nous avons déposé ce matin un référé devant le tribunal administratif pour demander la suspension de cet événement qui est loin de faire l'unanimité", a fait savoir l'avocat du collectif, Me Hosni Maati. "C'est d'une histoire de dignité qu'il s'agit, c'est sur cette base-là que le recours est déposé", a-t-il ajouté, estimant que "si le Conseil d'Etat a pu considérer que le lancer de nains pouvait porter atteinte à la dignité, que dire d'un spectacle comme Exhibit B?"
De nombreux soutiens. L'exposition a suscité des réactions très contrastées parmi les associations antiracistes. Une partie d'entre elles, la Ligue des droits de l'Homme, le Mrap, ou la Licra, a pris sa défense fin novembre, jugeant que "la controverse a pris une forme inadmissible". La ministre de la Culture Fleur Pellerin et la maire de Paris Anne Hidalgo avaient également exprimé leur soutien le mois dernier à Brett Bailey. Fleur Pellerin avait notamment fermement condamné les "tentatives d'intimidation ou de censure, car elles reposent sur des amalgames et des formes d'intolérance qui n'ont pas droit de cité dans notre République."