Son look de corsaire et son allure de dandy, qui lui ont valu son surnom d’"enfant terrible de la mode anglaise", en ont fait un des personnages les plus emblématiques du microcosme de la mode. Mais ce sont surtout les talents de couturier de John Galliano, qui en ont fait une icône adulée par les plus grandes personnalités. Celui qui avait donné un coup de jeune à la maison Dior trébuche sur deux dérapages antisémites. Portrait.
Né à Gibraltar, en Espagne, en 1960, John Galliano s’installe à Londres à l’âge de six ans. Son diplôme de la plus grande école de design de Londres en poche, il lance immédiatement sa propre griffe en 1984, et se fait très vite remarquer, comptant parmi ses clientes Diana Ross, puis Madonna. Dès 1990, il organise un défilé à Paris.
Doté d’une technique unique, iconoclaste et excentrique, il tape dans l’oeil de Bernard Arnault, patron de LVMH, qui le nomme chez Givenchy en 1995, et l’année d’après chez Christian Dior, où il devient directeur de la création haute-couture et du prêt-à-porter féminin.
Sa carrière est sur les rails lorsque la première robe qu’il dessine chez Dior est portée par la princesse Diana, lors de l’inauguration de l’exposition des 50 ans de la marque Dior au Moma à New York.
Une icône respectée
Devenu directeur artistique de toutes les lignes féminines de Dior, ainsi que de l’image des parfums, au début des années 2000, il se mue en fournisseur du show business, et fait de Dior l’une des marques les plus en vogue au monde.
Parmi ses réussites marquantes, on compte le défilé "Clochards", datant de l’an 2000. Hommage à l’ingéniosité des déshérités dans leur style vestimentaire, il marque la consécration d’une "Galliano touch". Le couturier fait alors exploser le chiffre d’affaires de Dior, et, sur sa lancée, ouvre sa propre boutique rue Saint-Honoré, à Paris.
Autre "coup" signé Galliano : son défilé printemps-été 2006, qui mettait en scène des nains, des géants, des gros, des vieux, des moches. "Tout le monde est beau", avait-il écrit sur les chaises des invités un peu guindés du monde de la mode. Une philosophie bien loin de ses récents propos...
Quand l’excentrique devient cynique
Ce sont finalement des propos antisémites, tenus dans un bar à Paris, ainsi qu’une vidéo montrant le couturier star de Dior déclarant "j’adore Hitler", qui déclenchent la chute de Galliano.
Une invitation dans les pages faits divers du monde entier, qui a aussi révélé le penchant de John Galliano pour l’alcool. Des drames personnels, comme la mort d'un de ses proches conseillers, l’auraient particulièrement déstabilisé.
Galliano a été mis à pied par Dior, qui souhaite le licencier, mais sa nouvelle collection doit encore être présentée vendredi à Paris, à l’occasion des défilés de prêt-à-porter. Nul doute que ce défilé sera le plus épié de la Fashion week.