Gaudí s'est-il aidé de la psychiatrie ?

Gaudí consacra plus de 40 ans de sa vie à la construction de l'église de la Sagrada Familia à Barcelone, sans pouvoir l'achever. © Maxppp
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L'architecte catalan, père de la Sagrada Familia, aurait testé ses créations dans un hôpital psychiatrique.

Connu pour la fantaisie de son oeuvre, Antonio Gaudí n'a pas fini de nous surprendre. Les travaux de chercheurs démontrent que l'architecte espagnol testait ses créations dans le jardin d'un hôpital psychiatrique, a révélé vendredi le Guardian,

Les patients jouaient les artisans

Les jardins de l'hôpital de Sant Boi, au sud de Barcelone, sont remplis de constructions "Gaudí-esque", rapporte le Guardian. La plus impressionnante d'entre-elles est un banc au style identique aux réalisations de Gaudí dans le parc Güell. Des recherches de l'architecte David Agulló et du géologue Daniel Barbé, publiées dans le magazine Sapiens, démontrent que ces constructions ont en fait servi de prototypes aux œuvres pour le parc Güell ou encore la Sagrada Familia, la célèbre basilique de Barcelone, réalisés par Gaudí.

Les constructions présentes à l'hôpital ont été exécutées avec moins de finesse et de précision, ce qui a jeté le doute sur la possibilité que l'architecte espagnol en ait été à l'origine. Mais d'après les chercheurs, cela s'explique par le fait que les ouvriers de Gaudí étaient en réalité des patients de l'hôpital. Le banc présent à l'hôpital date de 1912, tandis que son homologue du Parc Güell a été réalisé en 1914, indique le quotidien britannique.

L'hôpital pratiquait l'art-thérapie

Autre élément probant d'après les chercheurs, Eusebi Güell, le mécène de Gaudí, était proche de la direction de l'hôpital. Il mit notamment à disposition une de ses résidences pour en faire une salle d'isolement, lorsque l'établissement fut touché par une épidémie de choléra.

L'hôpital Sant Boi, créée en 1854, est le premier établissement en Espagne à avoir appréhendé les maladies mentales autrement que comme un châtiment divin ou l'œuvre du démon, rappelle le Guardian. Le docteur Pujadas, qui a fondé l'hôpital, était un défenseur de l'ergothérapie, qui soigne les patients au moyen d'activités physiques, et plus particulièrement de travaux manuels.

Il était aussi en contact avec le psychiatre français Auguste Marie, fervent défenseur de l'art-thérapie, qui utilise la création artistique pour permettre au patient de prendre contact avec sa vie intérieure et l'exprimer et se transformer. Auguste Marie contribua à plusieurs reprises au journal de l'hôpital de Sant Boi.