L'INFO. "Nous avons toute la vie pour nous amuser, nous avons toute la mort pour nous reposer", chantait Georges Moustaki dans "La Philosophie". Le chanteur du "Métèque" est mort dans la nuit de mercredi à jeudi à Nice, à l'âge de 79 ans, a-t-on appris de son entourage. Atteint d’une maladie des bronches incurable, "l’amant de la mer et du soleil", comme il se qualifiait lui même, ne remontera plus jamais sur scène. "Il est mort au petit matin à 06h d'une longue maladie. Il était serein. Son corps sera rapatrié sur Paris", a-t-on précisé.
Un parolier et interprète hors pair. Né en 1934 à Alexandrie, en Égypte, de parents juifs grecs, il grandit dans un environnement multiculturel (juif, grec, turc, italien, arabe, français) et se passionne tout jeune pour la littérature et la chanson française. Il en tirera un talent inestimable pour écrire des paroles tout comme pour en chanter. Amant d’Édith Piaf en 1958, Giuseppe Mustacchi de son vrai nom, doit le début de sa célébrité à la chanson "Milord", qu'il a écrite. Il composera ensuite avec des stars telles que Barbara (leur duo donnera notamment naissance à la magnifique "Dame brune") et Serge Reggiani (il écrit "Sarah" et "Votre fille à 20 ans"), avant de présenter sa propre "belle gueule de métèque" au public avec son album "Le métèque" en 1969, recelant des bijoux de morceaux tels que "Le métèque", "Le facteur", "La mer m’a donné" ou "Ma solitude". En janvier 1970, il fait son premier grand concert en vedette à Bobino, qui marquera les esprits tant le chanteur savait communiquer avec son public.
Un homme de gauche. Le chanteur, dont la devise était "l'homme descend du songe", était aussi un citoyen aux opinions politiques bien tranchées. Sa chanson "Sans la nommer" où il évoque la révolution permanente, une des théories principales de Trotski, atteste de son penchant pour l'extrême gauche. Lors de la dernière élection présidentielle, il soutiendra d'ailleurs le candidat du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), Philippe Poutou. Père d'une fille, Pia, âgée de 59 ans aujourd'hui, Georges Moustaki est également l'auteur de Chanson-cri, qui s’adresse aux filles violées "qui n’osent pas en parler". "Ce n’est pas une chanson comme les autres. À l’époque, une amie très chère avait été violée, et ma seule réaction pour l’aider fut d’enregistrer cette chanson et d’aller partout la faire entendre", se confie-t-il dans une interview à La Croix en 2011.
Un prix à son nom. En 2010, le Prix Georges-Moustaki de l'album autoproduit et/ou indépendant voit le jour, créé par Thierry Cadet et Matthias Vincenot. "Ce Prix me fait honneur par la qualité des artistes qui ont présenté leur candidature et par sa vocation de récompenser un album autoproduit ; c’est-à-dire réalisé en toute liberté et en toute indépendance. Je remercie tous ceux qui ont rendu cette aventure possible" déclare-t-il au magazine Platine.
"Définitivement incapable de chanter". En 2011, Georges Moustaki avait reconnu à La Croix qu'il souffrait de problèmes respiratoires et que sa maladie, "irréversible", le rendait "définitivement incapable de chanter". En 2009 à Barcelone, il avait été contraint de renoncer à aller au bout d'un concert parce qu'il souffrait trop. "Il est trop tard", écrite en 1969 et chanté en 2010 en duo avec une chanteuse israélienne, Orlika, aura été sa toute dernière représentation.