L'INFO. Le prix Goncourt 2013 a été attribué lundi à Pierre Lemaitre pour Au revoir là-haut (Albin Michel). Ce roman met en scène des démobilisés de la Grande Guerre abandonnés par la patrie ingrate qui montent une arnaque aussi spectaculaire qu'amorale. Première incursion hors du polar de cet auteur de 62 ans, ce roman est le seul à avoir également été sélectionné par les jurés du Renaudot, du Femina et de l'Interallié. L'éditeur Albin Michel, qui a déjà tiré 100.000 exemplaires de cet ouvrage, n'avait pas décroché le Goncourt depuis 2003.
>> Mais que rapporte vraiment un Goncourt à son auteur et son éditeur ? Europe1.fr a mené l'enquête :
• Un chèque de… 10 euros. En 1903, la première année de remise du prix Goncourt, le lauréat avait remporté 5.000 francs de l'époque. Aujourd'hui, il ne reçoit plus qu'un chèque de 10 euros (en photo, celui de Pierre Lemaitre). Ce qui n'est qu'un début, car la notoriété du Goncourt lui permet en réalité d'empocher bien plus que cette somme symbolique…
• Une promotion assurée. Seuls trois journalistes avaient assisté à la remise du premier Goncourt il y a 110 ans ! Aujourd'hui, une forêt de micros et de caméras se presse au café Drouant pour recueillir la première réaction du lauréat. De quoi largement assurer la médiatisation de son ouvrage. Du côté de l'éditeur, le gain du Goncourt est le coup d'envoi d'une grande campagne de promotion. La réimpression du livre se doublera de l'ajout sur les exemplaires du fameux bandeau rouge signalant la récompense. L'auteur, lui, verra aussitôt les sollicitations affluer et passera son temps entre interviews, tournées de librairies et rencontres avec les lecteurs.
• Un décollage des ventes. Le tirage moyen d'un livre en France est d'environ 8.000 exemplaires. Or, ces dernières années, le lauréat du prix Goncourt écoulait environ 400.000 exemplaires. L'effet "multiplicateur" est donc réel. Le Sermon sur la chute de Rome, ouvrage de Jérôme Ferrari primé il y a un an, s'était déjà vendu à 90.000 exemplaires avant de recevoir le Goncourt. Il a dépassé cet été les 350.000 exemplaires, selon l'institut GfK, et ce avant même sa sortie en poche.
En 2011, L'art français de la guerre, d'Alexis Jenni, avait également bénéficié à plein de l'effet Goncourt : sitôt primé, l'ouvrage a rapporté 2,8 millions d'euros de chiffre d'affaires en dix semaines, selon Slate.fr. Et en 2010, les ventes de La carte et le territoire, le roman de Michel Houellebecq, ont été multipliées par neuf durant la semaine suivant la récompense, d'après l'institut GfK.
Et ça marche aussi pour le Goncourt des lycéens. Ainsi, La Vérité sur l'affaire Harry Quebert, roman de Joël Dicker primé en 2012, s'est écoulé à 691.500 exemplaires entre août 2012 et août 2013. Soit quasiment deux fois plus que le "vrai" Goncourt !
• Une deuxième vie pour le livre. Au-delà des ventes dans les semaines qui suivent la récompense, portées notamment par les fêtes de fin d'année, l'ouvrage primé bénéficie de nombreuses retombées à plus long terme. La seconde édition du livre au format poche est garantie. L'attrait international du prix Goncourt ouvre aussi la voie à des traductions à l'étranger. Enfin, le livre attirera sans aucun doute l'attention du monde du cinéma. L'Express.fr a ainsi relevé une quinzaine de prix Goncourt adaptés sur le grand écran depuis la création du prix. Trois femmes puissantes, le roman de Marie NDiaye primé en 2009, est de son côté en cours d'adaptation.
• BONUS : et les autres prix ? Derrière le Goncourt, c'est le prix Femina qui a le plus fort effet sur les ventes : entre 150.000 et 200.000 exemplaires écoulés en moyenne, selon Francetvinfo. Le Renaudot (200.000 exemplaires), le Goncourt des lycéens (130.000 exemplaires) et le prix Interallié (80.000 exemplaires) sont également de gros pourvoyeurs de lecteurs. Des beaux lots de consolation pour les candidats malheureux au Goncourt.