C’est l’histoire de Theodore Twombly (Joaquin Phoenix) un homme sensible et solitaire. Inconsolable après une rupture difficile, il fait un jour l’acquisition d’un programme informatique ultramoderne, capable de réagir comme un humain. En lançant le système, il fait la connaissance d'une voix, Samantha (interprétée vocalement par Scarlett Johansson). Intelligente, intuitive, elle va prendre de plus en plus de place dans sa vie, exactement comme l’aurait fait une femme. Le film Her, signé du réalisateur américain Spike Jonze (Dans la peau de John Malkovich, Max et les Maximonstres), en salles le 19 mars, a reçu l’Oscar du meilleur scénario à la cérémonie 2014.
L’idée d’un amour futuriste. Il y a dix ans, le réalisateur Spike Jonze est tombé, en pianotant sur Internet, sur un article évoquant un programme d’intelligence artificiel. "Cela parlait de la messagerie instantanée générée par intelligence artificielle. Je me suis connecté à ce système (…) Nous avons discuté pendant un moment, et j'ai alors pris conscience que j'étais en train de parler à un ordinateur qui m'écoutait et qui me comprenait", confie-t-il. Avec un vocabulaire forcément trop limité. A contrario : que se passerait-il si un tel programme était pourvu de sensibilité et pouvait développer des sentiments amoureux ? S'est-il demandé. C’est ainsi qu'il a conçu Samantha, qui n’apparaît jamais à l’écran mais qui est douée d’humour, de sensibilité et de spiritualité…
Siri, en mieux. Samantha, qui dépend et "habite" l’ordinateur de Theodore, est capable de trier ses mails, de lire des livres virtuels en quelques secondes, d’accéder à toutes les informations en ligne. Très rapidement, elle fait preuve d'autonomie mais aussi d’empathie, de tendresse et d’humour. Bref, elle est capable de penser.
L’amour possible ? Samantha, sorte de Siri sans limite, est conçue pour apprendre et évoluer par elle-même. Elle a des réactions spontanées et passe peu à peu de l’assistante du héros à sa confidente, puis, à sa partenaire. Théodore tombe fou amoureux d’elle. Il l’entraîne partout avec lui, grâce à son téléphone portable, et redécouvre le monde à travers son regard.
Et on y croit. "Pour nous, c’était une relation amoureuse, un point c’est tout", explique Joaquin Phoenix qui réussit, seul à l’écran, à faire croire à ce tour de force d’un amour pleinement virtuel. "Ce que j’ai trouvé de plus exaltant dans le film, c’était de cadrer le visage de Joaquin et de l’observer en train d’écouter Samantha, tandis que son visage trahissait son amour pour elle," raconte le réalisateur Spike Jonze.
La limite, l’amour physique. Mais les protagonistes vont très vite se retrouver confrontés à la limite du virtuel. " Comment on partage sa vie avec quelqu’un ?, demande Samantha à Theodore, elle qui n’a jamais eu cette expérience humaine. Malgré l’ingéniosité des amants pour dépasser cet état de fait, le spectateur, soumis à la même frustration, s’interroge. C’est toute la force de Her, qui offre un regard original, et d’une grande sensibilité sur l’amour à l’heure du virtuel.
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