La catastrophe annoncée n'a pas eu lieu, et après plusieurs annulations spectaculaires en juin, les grands festivals de l'été sont au rendez-vous, bien que ponctués de grèves et d'actions des intermittents en colère contre la nouvelle convention chômage.
Le Festival d'Avignon, le plus emblématique, a ouvert avec une journée de retard à cause de la grève lancée par la CGT-Spectacle et la Coordination des intermittents et précaires le 4 juillet. Douze représentations ont été annulées (sur 289) lors des journées de grève des 4, 12 et 24 juillet. La perte s'élève selon son directeur, Olivier Py, à 300.000 euros et pourrait affecter l'édition 2015.
>> A LIRE AUSSI - Au moins six spectacles annulés samedi à Avignon
Le festival lyrique d'Aix-en-Provence a dû annuler une seule représentation, et la perte estimée autour de 100.000 euros ne devrait pas avoir d'impact sur 2015, selon son directeur, Bernard Foccroulle.
Comme en 2003, date de la dernière crise des intermittents, le mouvement a démarré en juin à Montpellier. Quasiment toutes les représentations du "Printemps des comédiens" (3 au 29 juin) ont été annulées, soit 400.000 euros de perte de billetterie, selon son directeur, Jean Varela. Toutefois, de nombreuses compagnies qui se sont mises en grève "assument et ne sont donc pas payées", ce qui permettra d'afficher une situation comptable "moins catastrophique", selon lui. Montpellier Danse, après une première semaine chaotique, a pu donner 38 représentations sur 48, affichant une perte de 40.000 euros.
>> LIRE AUSSI - Festival annulé, une note salée
La ville de Toulouse évalue les pertes liées au festival Rio Loco, rendu gratuit par les intermittents, à 573.000 euros. Le Festival de Marseille a également été très touché.
Mais le gouvernement, sans doute instruit par la crise de 2003 qui avait coûté cher (23 millions pour la seule ville d'Avignon) a pris la mesure de la menace. Dès le 19 juin, Manuel Valls annonçait l'ouverture d'une vaste concertation et la compensation par le gouvernement de la mesure la plus pénalisante de la nouvelle convention chômage, le "différé d'indemnisation" qui repoussait le versement des allocations.
>> LIRE AUSSI - Les clés pour comprendre le conflit
Pas découragé par les menaces de grève, le public a été au rendez-vous, confirmant la tendance qui se dessinait au printemps. Plusieurs records de fréquentations sont même tombés: 175.000 personnes pour Solidays, 139.000 spectateurs payants pour le Hellfest, 135.000 festivaliers pour le Main Square rallongé d'un jour pour ses 10 ans, 102.000 pour les Eurockéennes, 92.000 pour les 30 ans des Francofolies. Cette année exceptionnelle s'explique en grande partie par la présence simultanée de quatre phénomènes de scène francophones : Fauve, Shaka Ponk, Détroit et bien sûr Stromae.