C'est l’événement BD de la semaine. Tardi, le dessinateur d'Adèle Blanc-Sec, sort la suite des aventures de son père pendant la Seconde Guerre mondiale, dans une bande-dessinée : Moi René Tardi T2 , prisonnier de guerre au Stalag IIB. Tardi père, engagé volontaire en 1937 a été prisonnier de guerre en "Poméranie" (une région côtière située au sud de la mer baltique) de 1940 à 1945. On suit dans ce deuxième tome, les tribulations du matricule 16402 après cinq ans de captivité. Le récit démarre sur l'image d'une colonne humaine, lancée sur les routes "par -30°", pour un long voyage de quatre mois entre Hammerstein, en Poméranie, et Valence.
David Abiker reçoit Tardi dans C'est arrivé demain :
"Quatre cahiers d'écolier." "Les deux guerres mondiales sont des traumatismes familiaux", confie le dessinateur. "Ma grand-mère racontait la guerre de mon grand-père et mon père racontait sa propre guerre, c'est-à-dire sa captivité". Le père militaire de Jacques Tardi racontait la guerre à travers des anecdotes qui lui venait sur sa captivité, "mais en désordre". Tardi demande alors à son père, âgé alors de 70 ans, de mettre le récit de cette guerre "dans l'ordre chronologique". C'est à partir de ce journal, "quatre cahiers d'écoliers", que des années plus tard, Tardi s'est mis à dessiner son histoire.
Un regret. Un seul regret, Tardi a "trop attendu" pour rouvrir les fameux carnets. "Quand mon père a fini la rédaction de ces carnets, je les ai lus. Je me suis dit que j'en ferai quelques chose un jour, mais je les ai mis dans un tiroir. " Trente ans passent. Tardi réalise "un Adèle Blanc-Sec, ou un Nestor Burma ou je ne sais quoi", dit-il et quand il revient enfin aux carnets, son père "n'est plus là."
Le dessinateur "n'a pas posé les questions nécessaires à la bonne compréhension du récit, au bon moment, ça c'est un regret total parce qu'il y aurait répondu", dit-il. Ces questions, Tardi les a pourtant intégrées au livre, sous la forme d'un dialogue imaginaire entre père et fils.
Tardi l'antimilitariste s'est énormément documenté pour représenter la guerre. Alors qu'on commémore le centenaire de la Guerre de 14-18, le dessinateur reste fidèle à ses convictions. "Je pense que tout cela est surtout une grande hypocrisie. On n'explique pas aux gens les causes véritables de cette guerre. Pour moi la guerre de 14-18, les guerres en général, sont essentiellement des entreprises commerciales. Il y a des millions de types qui sont allés au casse-pipe pour servir les intérêts de très peu."