Jamel Debbouze a donné de sa personne pour son premier film d'animation en tant que réalisateur, Pourquoi j’ai pas mangé mon père, sur les écrans le 8 avril prochain. Il en a co-signé, avec Frédéric Fougea, le scénario mais il y incarne aussi le personnage d’Edouard, un singe, héros du film, auquel il a servi de modèle. L'humoriste partage l'affiche avec un casting surprenant : Mélissa Theuriau et Arié Elmaleh mais aussi… Louis de Funès. Jamel Debbouze était mercredi l'invité de la matinale d’Europe 1 avec Thomas Sotto. L'occasion de revenir sur le film mais aussi sur la polémique des Enfoirés.
Un film tourné en motion capture. Pourquoi j’ai pas mangé mon père. Pourquoi ce titre ? "Parce que je n'ai pas envie de manger mon père", s'exclame Jamel Debbouze, avant d'ajouter que son paternel ne serait certainement "pas digeste" et de, finalement, redevenir sérieux : "c'était une autre manière de revoir son histoire". Le film d'animation nous plonge dans la préhistoire. Mais une préhistoire fictionnelle, précise l'humoriste. On y croise d'ailleurs des "tortruches", savant mélange entre une tortue et une autruche. Ce qui a plu au réalisateur ? De pouvoir vraiment incarner un singe "de cette manière-là", grâce à la "motion capture", une technique qui permet de filmer les acteurs pour reproduire ensuite leurs mouvements sur ordinateur.
Vilain petit canard. Quand on voit le héros de son film, Edouard, on pense immédiatement aux jeunes de banlieue. Le destin de ce personnage est aussi, bien sûr, une "métaphore" de la vie de Jamel Debbouze qui a grandi dans une cité de Trappes. "L'exclusion m'a profondément marqué", confie-t-il. Comme le vilain petit canard dans le conte, Edouard, le singe incarné par Jamel Debbouze, héros du film, souffre d'exclusion : "Il est trop maigre, trop chétif, trop malingre, pas assez beau pour être accepté de son arbre. Il se fait jeter, se casse le bras et invente la bipédie. C'est une manière de compenser et d'avancer", résume le comédien. Ce qu'il aime surtout chez Edouard, c'est "qu'il n'en veut à personne". Le héros de Pourquoi j’ai pas mangé mon père prend lui-même sa vie en main. "Get up et fais ton truc, c'est l'un des messages du film." Jamel a "toujours dit ça "à qui voulait l'entendre", avant même d'être "celui qu'il est aujourd'hui", rappelle-t-il.
Aujourd'hui, la parole de Jamel Debbouze compte. Après les attentats de janvier, l'humoriste a eu des mots très forts. "La France c'est ma mère, on ne touche pas à ma mère", a-t-il notamment clamé. Un peu plus d'un mois après les événements, le pays paraît plus divisé que jamais. N'est-elle pas un peu malade la France ? "J'avais ajouté une phrase à ces paroles : 'aimez ses enfants, c'est tout ce qu'ils demandent", rappelle Jamel Debbouze. Pour lui, le plus terrible danger qui menace le pays est surtout "la déconsidération" de ces gamins et de cette population qui souffre d'exclusion. "Si on ne les prend pas en compte et si on ne les écoute pas activement comme on m'a écouté moi, on va au devant de graves dangers", met en garde l'acteur, qui en appelle aux dirigeants. "Evidemment, toute personne frustrée fait des choses qu'on ne peut pas soupçonner."
Pour Jamel Debbouze, "Le problème fondamental de notre société, c'est le chômage" :
"Le chômage, problème fondamental de notre société." La religion, les religions, prennent-elles trop de place aujourd'hui en France ? Ce n'est pas dans la culture de Jamel Debbouze de "parler de religion". La religion... "c'est dans mon cœur, dans ma tête, à l'intérieur de mon salon, ça ne concerne que moi", explique-t-il, avouant sa "surprise" de voir "cet étalage partout". Mais pour l'humoriste, LE problème fondamental de notre société, c'est "le chômage", qui gangrène la société et "créé de la frustration". "Fondamentalement ce n'est pas la religion qui nous fait peur, c'est tout. On vit dans l'ère de la flippe !"
L'humoriste est aussi revenu au micro sur la polémique qui entoure la dernière chanson des Enfoirés. "Les restos du cœur c'est extraordinaire. C'est formidable…", s'est exclamé Jamel Debbouze, avant de s'emporter : "On doit soutenir les Restos du cœur corps et âme". Faisant référence à la polémique sur la dernière chanson de l'association, composée par Jean-Jacques Goldman et taxée d'anti-jeune ou de paternaliste, le comédien s'est montré très ferme : "Qu'est-ce qu'on vient faire chier les Restos du cœur ?" Jamel Debbouze a rappelé au passage la vocation de l'association, en allant, comme toujours, à l'essentiel : "Oh ! Les gens donnent à manger à des gens qui ont faim et qui ont soif !" Le tout jeune réalisateur a terminé sur une petite leçon de moral à l'égard des détracteurs de la chanson : "Ceux qui perdent du temps à parler mal des Restos du cœur sont des inconscients."
Jamel Debbouze s'indigne de la polémique sur la chanson des Restos du Coeur :
Pourquoi j’ai pas mangé mon père, de et avec Jamel Debbouze. Sur les écrans le 8 avril, avec Europe 1.
Découvrez la bande-annonce du premier film d'animation signé Jamel Debbouze :
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