C'est l'histoire d'une passion triste : celle de Colin (Romain Duris) et Chloé (Audrey Tautou), finalement séparés par la mort. La jeune fille tombe malade d’un nénuphar qui se développe dans son poumon. Qui de mieux que Michel Gondry pour adapter une histoire surréaliste et poétique qui n’a laissé personne indifférent. Avec Omar Sy, Gad Elmaleh, Aïssa Maïga ou encore Philippe Torreton autour de Romain Duris et Audrey Tautou, Michel Gondry ne s'est privé de rien.
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Gondry, bricoleur surréaliste
Le début du film est un joyeux chantier. On retrouve ce qui fait la force de Gondry : comme dans La Science des rêves il a l’art de rendre les objets vivants, de rendre le rêve palpable, de donner corps à la matière surréaliste. A grands renforts d'effets spéciaux, de ses effets spéciaux, sorte de bricolage intemporel. Ainsi le fameux Piano cocktail du livre n’est ni vieux ni moderne mais tout en touches et tuyaux. C’est joli et léger. On sent que Michel Gondry s’amuse. Parfois il prend Boris Vian au pied de la lettre ("perça un trou au fond de son bain"), parfois il fait ce qui lui chante.
Michel Gondry réalisateur de l'impossible ?
Il y a aussi l’univers absurde. Gondry suit la logique loufoque de Vian. Dans le décor réel de Paris (le chantier des Halles, les ruelles de la ville), il installe la bulle fictive dans laquelle évoluent ses personnages. Le réalisateur reproduit avec succès le merveilleux du livre, sa fantaisie. Le ton est gai et jazzy, porté par la musique de Duke Ellington.
Découvrez l’interview d’Audrey Tautou et Romain Duris :
Du livre on se souvient tout particulièrement de la maison qui accompagne la maladie et rapetisse pour devenir chaque jour plus sombre et plus humide. La seconde partie du film retrace ces étapes vers la tristesse, passant même de la couleur au noir et blanc. Le film prend alors une tournure de chagrin. Colin va vers sa ruine comme Chloé va vers sa mort, Chick se détourne d’Alise pour se consacrer à son amour obsessionnel pour Jean-Sol Partre, clin d’œil limpide de Boris Vian à Jean-Paul Sartre. Le temps, la maladie ou la mort sont au cœur de cette histoire qui commence dans la gaité et se termine tragiquement.
On peut s’étonner parfois que le spectateur soit tenu à distance de l’histoire d’amour, pourtant centrale dans le roman. Comme si la création de l’univers avait finalement pris le pas sur l’histoire des personnages. Mais c’était la volonté du réalisateur qui ne voulait pas tomber dans le sentimentalisme.
Michel Gondry réussit un film enchanteur et relève un défi que beaucoup pensaient perdu d’avance.
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L’Ecume des jours, de Michel Gondry, adapté du roman de Boris Vian, avec Romain Duris, Audrey tautou, Omar Sy, Gad Elmaleh. Au cinéma le 24 avril, avec Europe 1.