L’étrange personnage de Tilda Swinton

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PORTRAIT - L'actrice écossaise est à l’affiche d’Only Lovers left alive avant de se retrouver, méconnaissable, dans The Grand Budapest Hotel. Retour sur le parcours d’une touche-à-tout.   

Il semble que tout la prédestinait à fuir Hollywood. Elle ne paraissait pas faite pour ce monde là. Tilda Swinton l’a dit et redit : elle voulait être écrivain, pas actrice. Son métier est un accident de parcours. Un bien bel accident puisqu’elle a aujourd’hui le vent en poupe. Après L’étrange histoire de Benjamin Button en 2008 puis We need to talk about Kevin, en 2011, on l’a vue dans Snowpiercer,en 2013. Elle joue à présent les vampires dans un film romantique, Only Lovers left alive, avant d’apparaître, méconnaissable, cheveux gris et lèvres tremblantes dignes d’une très vieille femme, dans  le dernier Wes Anderson, The Grand Budapest Hotel. La comédienne prend des risques en choisissant des rôles aux antipodes les uns des autres, et aime se frotter à d’autres milieux que celui du cinéma. Europe 1 s’intéresse au phénomène Swinton.  

Tilda-en-duchesse

Un physique à l’opposé des canons hollywoodiens."Le changement est la seule chose que l’on ait, et sur laquelle compter, il n’y a rien d’autre à quoi se raccrocher. " Cette phrase, confiée par Tilda Swinton à Libération Next, en 2010, éclaire sur la ligne de conduite de l’actrice. Elle aime changer de peau. Il faut dire que son visage, pas banal, doit la servir. Profil anguleux, pommettes saillantes, petite tête d’oiseau sur un long coup, à la blondeur ravageuse, Tilda Swinton pourrait tout à fait venir d’une autre planète. Ce physique androgyne lui permet de jouer tous les rôles, des personnages les plus austères aux plus passionnés. Tilda Swinton s’est aussi prêté au jeu de David Bowie le temps d’un clip, "The stars (are out tonight) ", tiré de l’album The next day, sorti en 2013. Les deux " stars de sortie", comme le précise le titre, forment un couple plus étrange que jamais. 

Tilda Swinton incarne à merveille l’androgynie et la bisexualité à l’écran :  

Des rôles dans tous les registres. Tilda Swinton choisit aussi des rôles délicats. Vedette oscarisée pour un second rôle dans Michael Clayton, en 2007, elle est la "Sorcière blanche" du Monde de Narnia. Dans We need to talk about Kevin, elle se fond dans la peau d’une mère confrontée à la folie de son fils, meurtrier. Dans Snowpiercer, Joon-ho Bong lui confie le rôle de Mason, qui, dit-elle, est encore décrit dans le script comme " un homme affable en costume ", un personnage que l’actrice choisit de construire elle-même, petit à petit, en discutant avec le réalisateur. Le résultat est saisissant. 

Blafarde, le visage dissimulé derrière des lunettes et munie de fausses dents, elle joue un personnage autoritaire : 

Tilda Swinton devient œuvre d’art. Avec ce physique androgyne, Tilda Swinton est aussi la muse de grands couturiers et se retrouve souvent aux premiers rangs des défilés Chanel ou encore d’Haider Ackermann. Mais l’actrice sait également prendre de la distance avec elle-même lors de performance d’art contemporain. Elle s’est ainsi laissée transformer en œuvre d’art vivante, en mars 2013 au MoMA : les visiteurs du musée new-yorkais ont ainsi pu l’observer dormir dans une cage en verre, auprès d’une paire de lunettes, d’une carafe d’eau et d’un petit sommier. 

Tilda Swinton est venue, pour une demi-douzaine de siestes, dans six lieux différents du musée : 

 En 2012, l'actrice était au Palais de Tokyo pour une autre performance. Cette fois, sans jamais les porter, elle a fait défiler des vêtements de toutes les époques, des reliques, en les portant du bout des doigts. 

 

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