La création de Jack Lang n'est ni de droite, ni de gauche, mais elle demeure une affaire politique. 2012, année électorale, n'échappe pas à la règle. Interrogés par Europe1.fr, le politologue Arnaud Mercier et le sociologue Michel Fize ont chacun assuré que la traditionnelle fête populaire du premier jour de l'été, institutionnalisée en 1981, n'était plus aujourd'hui l'apanage d'un parti politique ou de l'Etat. Mais elle reste une occasion pour certains élus locaux de justifier les dépenses publiques.
Similaire à la fête des mères
"La Fête de la musique a été inventée par un homme de gauche, mais je ne crois pas que ce soit une fête qui ait une couleur politique", explique Michel Fize, repris en écho par Arnaud Mercier. "C'est une création de Jack Lang, d'accord, mais il n'y en a pas d'exploitation politicienne. C'est quelque chose qui a été institué par le haut mais dont la base a su s'emparer", ajoute-t-il, scellant sa démonstration de deux exemples frappants : "la fête du travail et la fête des mères, deux innovations du régime vichyste" que l'on continue de fêter aujourd'hui en laissant de côté cette référence.
Pour les deux chercheurs, s'il y a une connotation politique pour la Fête de la musique, elle est à chercher localement, auprès de certains élus de terrain. Dans les choix politiques effectués tout au long de l'année et mis en avant le jour J. Autrement dit : "la Fête de la musique est une sorte de retour gratuit et public pour ceux qui financent la culture localement par l'impôt", considère ainsi Arnaud Mercier. Pour certains élus, c'est une façon de montrer comment est en partie utilisé l'argent public", argue-t-il encore.
"Une opération portes-ouvertes"
"Financer la construction d'une salle de musique, d'un conservatoire, est un acte politique avec la gestion de budget qui en découle", développe encore le politologue Arnaud Mercier. Le sociologue Michel Fize ne contredit pas son confrère. "Il y a une instrumentalisation de la Fête de la musique faite par les professionnels de la musique", artistes et associations, note Michel Fize. "Ils attirent devant eux un public qui n'a pas forcément envie de participer à une association musicale. C'est un peu une opération portes-ouvertes".
La Fête de la musique "a socialement vocation à rassembler, un peu comme 'France 98' avec la France 'black-blanc-beur'", analyse Michel Fize, qui précise tout de même : "la Fête de la musique offre, le temps d'un soir, une ouverture sociale complète. Mais ouverture ne veut pas dire fin des clivages. L'amateur de jazz a un profil social bien particulier, et il y aura peu de chance qu'il y rencontre un amateur de rap", justifie-t-il.