La "Mona Lisa du Prado" n'est pas une banale copie de la célèbre Joconde, contrairement à ce qu'ont longtemps cru les spécialistes. Ces derniers ont annoncé avoir identifié en elle mercredi "la première copie connue" du tableau de Léonard de Vinci.
Cette découverte a été faite alors que le tableau était en cours de restauration. Un examen approfondi, rendu possible avec des techniques qui n'existaient pas à l'époque de sa découverte, a permis de découvrir que sous le fond noir se cachait le même paysage que derrière la "vraie" Mona Lisa.
"C'est très, très proche de ce à quoi la peinture ressemblait en 1505", a expliqué le conservateur de l'Art italien du musée, Miguel Falomir, interrogé par l'AFP. "Le tableau est étonnamment bien conservé. On ne sait pas pourquoi, au 18e siècle, quelqu'un a recouvert l'arrière-plan. C'est peut-être lié aux goûts esthétiques de l'époque", a-t-il ajouté.
Qui a peint la copie ?
Une autre piste a longtemps mené les spécialistes sur le mauvais chemin : la nature du support. Si la Joconde est peinte sur noyer, un support récurrent chez les Florentins à l'époque, le tableau découvert au Prado est lui peint sur chêne, un bois peu utilisé en Italie.
Mais qui est donc l'auteur de cette copie presque plus vraie que l'originale ? Les spécialistes hésitent entre deux disciples du génie Léonard de Vinci : Andrea Salai, futur amant de Vinci, ou Francesco Melzi.
Peinte derrière dans le studio, derrière Vinci
El Pais, quotidien espagnol de renom, parle d'un "portrait parallèle", une "espèce de photocopie exécutée par l'élève pendant que le professeur peignait son chef-d'œuvre". Salai ou Melzi auraient donc peint une Mona Lisa derrière le coude de Vinci, en même temps, sur des tableaux de tailles sensiblement identiques, 77x53 pour le chef-d'œuvre, et 76x57 pour la copie.
Le tableau "a été réalisé dans l'atelier du peintre", confirme Miguel Falomir. "C'est absolument conforme à la façon de travailler de Léonard de Vinci". Même si, a-t-il ajouté, "c'est une oeuvre sur laquelle Leonard n'est pas intervenue". En tout cas, cette découverte pourrait permettre aux spécialistes du Louvre d'approfondir leurs recherches sur La Joconde.
L'originale est très sale"
Mais d'autres questions se posent. La Joconde du Prado paraît beaucoup plus jeune que celle du Louvre. Selon le conservateur italien, l'originale est "très sale". Et "quand les peintures sont sales, les personnages ont tendance à avoir l'air plus vieux", a-t-il expliqué. Les internautes peuvent s'en rendre compte grâce au révélateur d'El Pais, en cliquant ici.
Les amateurs français pourront juger du rapprochement entre les deux œuvres le 26 mars qui seront présentées côte-à-côte, au Louvre, pour une exposition temporaire.