On savait déjà que la musique adoucissait les moeurs, mais voilà qu'elle adoucit aussi la vieillesse, en agissant sur la mémoire et la motricité, selon les chercheurs invités à un colloque organisé par la Sacem, la société des auteurs et compositeurs. "La musique n'active pas une zone, mais plusieurs régions du cerveau", expliquait mardi Hervé Platel, professeur de neuropsychologie. Très longtemps, les scientifiques ont cru, sur la base d'observations empiriques, que le cerveau "droit" était musicien et le cerveau "gauche" celui du langage.
La neuro-imagerie cérébrale a bouleversé la donne depuis une trentaine d'années. Les travaux d'Hervé Platel, après ceux du pionnier Bernard Lechevalier (unité Inserm U1077) ont permis d'établir une "cartographie" cérébrale de la mémoire musicale chez des sujets musiciens et non musiciens. Non seulement les deux hémisphères cérébraux sont impliqués, mais on a noté chez les musiciens une hypertrophie d'une région du cerveau, l'hippocampe, qui joue un rôle clé dans la mémoire. C'est aussi une des rares zone du cerveau à produire de nouveaux neurones pendant toute la vie.
"La musique transforme le cerveau en accroissant certaines zones", renchérit Emmanuel Bigand (Unité mixte de recherche CNRS 5022). Depuis vingt ans, son unité de recherche s'est spécialisée sur le lien entre musique et cognition (les processus de connaissance: mémoire, raisonnement, langage...).