C'est, comme chaque année chez Drouant, le restaurant parisien, que sera décerné le très attendu Goncourt, le plus prestigieux des prix littéraires français. Le jury, présidé depuis janvier par Bernard Pivot, a fait preuve de parité, puisque figurent dans cette dernière sélection deux hommes et deux femmes : Kamel Daoud pour Meursault, contre-enquête, Pauline Dreyfus pour Ce sont des choses qui arrivent, David Foenkinos pour Charlotte et Lydie Salvayre pour Pas pleurer. Le Goncourt sera connu au dernier moment, même au sein du jury. En effet, "il faut la majorité absolue pour l'emporter, et c'est le plus souvent à une voix près", rappelle l'un des jurés.
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La valeur sûre ou la révélation d'un écrivain ? A quelques heures de la remise du prix, les critiques parient sur deux favoris : David Foenkinos, et Kamel Daoud. D'un côté, David Foenkinos, l'auteur de La Délicatesse, best-seller porté à l'écran, rend cette fois dans Charlotte, un vibrant hommage à la jeune artiste Charlotte Salomon, assassinée à Auschwitz en 1943. Mais le jury pourrait choisir de récompenser le journaliste algérien Kamel Daoud, auteur, à 44 ans, d'un premier roman paru au mois de mai, Meursault, contre-enquête, déjà qualifié de "réussite exceptionnelle" et de "grand livre".
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Ou une femme ? L'Académie Goncourt pourrait aussi choisir de sacrer Lydie Salvayre pour Pas pleurer, un roman sur la guerre civile espagnole. L'auteur mêle habilement la voix de l’écrivain Georges Bernanos découvrant les atrocités du franquisme et celle de la mère de la narratrice, ex-réfugiée espagnole, qui raconte l’été 1936 et la ferveur de la révolution. Quant à Pauline Dreyfus, elle raconte la Seconde guerre mondiale dans Ce sont des choses qui arrivent. L'auteur se place du point de vue des aristocrates avec, en filigrane, la persécution des Juifs.
Eric Reinhardt, écarté. Les dix membres de l’Académie Goncourt ont rayé L’Amour et les forêts d’Eric Reinhardt, qui était pourtant parti grand favori dans la course.